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est incapable de servir à cette transmission. Mais l’air n’est pas le seul corps pondérable qui puisse servir à transmettre le son ; tous les corps solides, tous les liquides, tous les gaz, en un mot, tous les corps pondérables, jouissent de la même propriété. Nous devons conclure de ces faits, que le son est le résultat d’un mouvement des atomes pondérables, de nature telle, qu’il ne peut pas faire entrer en mouvement les atomes de l’éther, ou que s’il produit cet effet, ce qui paraît plus que probable, il imprime aux atomes de l’éther un mouvement différent de celui qui caractérise le son, et par conséquent incapable de produire ce dernier mouvement dans les atomes de la matière pondérable. Personne n’ignore que les sons sont produits par des vibrations longitudinales ou transversales des corps dits sonores, que ces vibrations déterminent des vibrations analogues dans l’air interposé entre le corps sonore et notre tympan, et enfin dans cette membrane et dans les autres parties de notre oreille jusqu’aux terminaisons du nerf auditif ; mais je ne crois pas qu’aucun physicien ait encore cherché à déterminer la nature intime du mouvement de la matière pondérable, qui produit en nous la sensation désignée sous le nom de son. Il y a là un sujet fort intéressant de recherches, car ce mouvement est peut-être le seul qui, en traversant l’éther, se transforme au point de n’être plus perceptible à nos sens si une couche même minime d’éther ne contenant pas d’atomes pondérables est interposée entre le corps pondérable qui produit le son et les autres corps pondérables capables de transmettre les vibrations sonores jusqu’à notre oreille.

La chaleur. La chaleur se distingue du son en ce qu’elle se transmet à la fois par la matière pondérable et par la matière impondérable. La meilleure preuve qu’on en puisse donner est la transmission de la chaleur du soleil à la terre, à travers l’espace immense, dépourvu d’air et de tout autre matière pondérable, qui nous sépare de cet astre. C’est même, en grande partie, pour expliquer ce fait, que les physiciens ont été obligés de recourir à l’hypothèse de l’éther.

La chaleur est due au mouvement vibratoire des atomes. Nous avons dit plus haut que l’on est obligé d’admettre dans les molécules pondérables auxquelles M. Marco donne le nom d’atomes tourbillons trois sortes de mouvements un mouvement rotatoire autour de leur axe, un mouvement de translation et un mouvement vibratoire résultant de toute nécessité du choc des atomes les uns contre les autres. C’est dans le mouvement vibratoire que les physiciens cherchent la cause des phénomènes caloriques.

Les atomes constituants de la molécule pondérable étant mis en vibration radiaire par les chocs qu’ils donnent et reçoivent, devront faire vibrer dans la même direction les atomes d’éther dont ils sont entourés. Ceux-ci transmettront les vibrations à d’autres molécules pondérables, et, finalement le mouvement vibratoire sera transmis aux extrémités de nos nerfs qui, les con-