Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appartient évidemment à ces atomes tourbillonnants qu’on ne peut diviser sans les défaire. Plusieurs tourbillons réunis dans une atmosphère raréfiée commune, c’est-à-dire dans un tourbillon plus grand, ainsi qu’il arrive parfois dans les tourbillons aériens, ou bien simplement réunis en vertu de leurs mouvements rotatoires et de la pression de l’éther environnant, constitueraient les molécules. » « Cette théorie, ajoute M. F. Marco, est évidemment d’accord avec celle de Gaudin, qui rend merveilleusement raison de la constitution atomique des molécules et de leur disposition dans les formes cristallines. Il considère les atomes comme des sphéroïdes, tels qu’ils doivent être dans la théorie des atomes tourbillons. »

Je m’empresse d’ajouter que M. Félix Marco n’est pas le seul physicien admettant aussi nettement que les atomes des corps pondérables ne sont que des tourbillons d’atomes éthérés. L’illustre astronome Secchi se prononce d’une manière positive pour l’identité de l’éther et de la matière pondérable. « Pour nous, dit-il[1], l’éther sera constitué par les atomes primitifs de la matière ordinaire. » Il dit ailleurs[2] : « L’étude de la lumière et de l’électricité nous a conduit à regarder comme infiniment probable que l’éther n’est autre chose que la matière elle-même, parvenue au plus haut degré de ténuité, à cet état de rareté extrême que l’on nomme état atomique. Par suite, tous les corps ne seraient en réalité que des agrégats des atomes mêmes de ce fluide. » Il admet, d’autre part, que les molécules des corps pondérables sont formées par des agrégations tourbillonnantes d’atomes. « Chacun de ces tourbillons[3], que nous pouvons nommer infinitésimaux, constituent ou renferment une molécule des corps, suspendue, en quelque sorte, dans le reste de l’éther environnant. » Et il ajoute, dans une note, plus significative encore que le texte lui-même : « M. Thomson est arrivé aussi, lui, à cette idée, que les molécules des corps ne seraient que de simples tourbillons éthérés. C’est déjà un résultat intéressant que de nous être rencontré avec cet illustre savant. »

L’illustre physicien anglais Thomson prononça, en 1870, dans son discours à l’Association britannique pour l’avancement des sciences (Session d’Édimbourg) les paroles suivantes : « L’exquise théorie de Helmholtz, les mouvements en tourbillon dans un liquide incompressible et sans frottement, a surgi comme un poteau indicateur, montrant la voie qui peut conduire à une pleine intelligence des propriétés des atomes, en mettant en pratique la grande conception de Lucrèce, qui n’admet ni éthers subtils ni variétés d’éléments avec principes de feu ou d’eau, de lumière ou de pesanteur ; qui ne suppose pas la lumière une chose, le feu une autre, l’électricité un fluide, le magnétisme un principe vital, mais qui traite tous ces phénomènes comme de sim-

  1. L’unité des forces physiques, 2e édit., p. 118.
  2. Ibid., p. 518.
  3. Ibid., p. 542.