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des Pyrénées, des Apennins, du Caucase, etc., ont dû agir très puissamment sur le climat de l’Europe. Ces chaînes de montagnes n’existant pas pendant les périodes archaïque et paléozoïque de l’histoire de notre globe, il est permis de penser que leur absence a été pour quelque chose dans l’élévation de la température qui régnait alors dans toute l’Europe, et jusqu’au voisinage du pôle nord. Nous avons dit plus haut que le maximum de chaleur serait atteint sur le globe si les continents étaient tous réunis entre les tropiques, nous devons ajouter que la production de ce maximum serait encore favorisée si les continents n’étaient que peu élevés au-dessus du niveau de la mer. Ces deux conditions ont-elles existé simultanément à une époque quelconque ? Nous l’ignorons et nous l’ignorerons peut-être toujours, mais rien ne nous empêche de le supposer. Dans tous les cas, nous avons plus d’un motif de croire que pendant les périodes archaïque et paléozoïque, il y avait moins de terres autour des pôles qu’aujourd’hui, et que les continents étaient moins élevés qu’ils ne le sont ; d’où résultait l’uniformité et l’élévation de la température qui nous sont attestées par la nature et la distribution géographique des végétaux et des animaux qui ont peuplé le globe pendant les nombreux siècles de ces temps reculés.

La distribution, l’étendue et l’altitude des continents ne sont pas les seules causes qui soient de nature à influer sur la température moyenne de la terre et sur celle de ses diverses régions. À côté de ces causes, auxquelles on peut donner l’épithète de géographiques, il en est d’autres, dites astronomiques, auxquelles certains savants accordent une grande importance ; je me bornerai à en dire quelques mots parce que si elles sont de nature à rendre compte des variations périodiques de la température de la terre, elles n’ont probablement joué aucun rôle dans la production du climat chaud et uniforme propre aux périodes géologiques primitives de l’histoire de notre globe. La première de ces causes réside dans le phénomène astronomique auquel on a donné le nom de précession des équinoxes. On sait que l’axe de rotation de la terre n’est pas toujours situé dans le plan de l’écliptique, c’est-à-dire dans le plan de l’orbite décrite par la terre autour du soleil, mais qu’il se déplace de façon à ce que deux fois par an seulement, à des époques désignées sous le nom d’équinoxes, il se trouve exactement dans ce plan. L’une de ces époques tombe vers le 22 mars, c’est l’équinoxe de printemps ; l’autre vers le 22 septembre, c’est l’équinoxe d’automne. À ces deux époques, en tous les points du globe, les jours et les nuits ont une durée égale ; il en est ainsi, aussi bien autour des deux pôles qu’au niveau de l’équateur. À partir de l’équinoxe du printemps, l’axe de rotation s’incline sur l’écliptique, de telle sorte que le pôle nord se dirige chaque jour davantage vers le soleil, tandis que le pôle sud s’en éloigne ; il en résulte que dans le voisinage du pôle arctique du globe le soleil est constamment visible au-dessus de l’horizon, tandis qu’il est constamment invisible au niveau du pôle sud ; sous