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donné à tous les climats dans lesquels il n’existe qu’une différence relativement minime entre l’hiver et l’été, tandis qu’on désigne par l’épithète d’excessifs les climats dans lesquels il existe une grande différence entre l’hiver et l’été. Parmi les climats les plus excessifs, on cite d’habitude celui de New-York, parce que cette ville a des hivers aussi froids que ceux de Copenhague avec des étés aussi chauds que ceux de Rome. À Pékin, les hivers sont aussi froids qu’à Upsal et les étés aussi brûlants qu’au Caire. D’une façon générale, les côtes ont des climats insulaires et le centre des continents des climats excessifs.

Causes des climats. Il importe de rechercher les causes de tous ces faits. Parmi les conditions déterminantes de la différence des climats, la plus importante de toutes est la distribution, la position et l’altitude des continents. Le rôle considérable de cette condition dans l’établissement de la température moyenne du globe est facile à comprendre.

Grâce à la nature même du fluide qui les forme et aux courants qui les traversent, les mers tendent toujours à uniformiser leur température. Des courants d’eau froide se dirigent vers les mers équatoriales qu’ils refroidissent tandis que des courants d’eau chaude vont réchauffer les mers polaires. Il en résulte une sorte d’uniformisation de la température des mers qui produit les climats insulaires. Le climat insulaire de l’Europe est dû à ce que le nord de ce continent est séparé par une zone de mers des terres arctiques. Les courants de cette mer réchauffent les côtes voisines et les mettent à l’abri de la propagation du froid des terres polaires. L’Amérique du Nord, communiquant sans interruption avec les terres polaires, est beaucoup plus froide que le nord de l’Europe.

Les continents sont dans des conditions toutes différentes de celles des mers ; ils peuvent bien se renvoyer de l’un à l’autre une portion de la chaleur qu’ils reçoivent du soleil, mais cette transmission ne s’effectue qu’à des distances relativement peu considérables. Il est certain, par exemple, que les déserts de l’Afrique, échauffés par un soleil ardent, fournissent à l’Europe, à la Turquie d’Asie et à l’Arabie une quantité de chaleur suffisante pour élever leur température moyenne ; mais cette action ne se fait pas sentir au delà des régions moyennes de l’Europe. Par conséquent, s’il existe au voisinage des pôles, c’est-à-dire dans des points du globe que le soleil visite à peine, une grande étendue de terres ; celles-ci n’étant réchauffées ni par les continents tropicaux et équatoriaux, ni par les courants marins qui agissent seulement sur leurs côtes, elles se couvrent de glaces qui augmentent sans cesse d’épaisseur, et qui produisent par le rayonnement et par leur transport à travers les mers un abaissement considérable de la température sur une région du globe d’autant plus étendue que les terres polaires sont plus vastes. Le contraire existerait si les continents étaient très étendus entre les tropiques, tandis que les pôles seraient dépourvus de