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prédominance des formations marines. Une grande partie des continents de la période houillère s’affaissent ; ils sont envahis par la mer qui les recouvre de dépôts calcaires et siliceux marins, tandis que la partie conservée des continents anciens, continue sans doute à offrir les mêmes caractères que précédemment. Sur ces continents, les végétaux et les animaux évoluent graduellement pour atteindre les formes caractéristiques des époques subséquentes.

Il n’y a pas de soulèvements de montagnes pendant les phases archaïque et paléozoïque. Si nous jetons un coup d’œil rétrospectif sur les périodes archaïque et paléozoïque, nous constatons ce fait important que malgré la grande fréquence des éruptions volcaniques, éruptions indiquées dans un grand nombre de localités par la présence de filons ayant dû traverser toutes les roches antérieurement formées et par les déviations, les redressements, les plissements des couches de chaque formation, nous constatons, dis-je, que malgré ces éruptions volcaniques, il ne se fait pas à la surface de la terre de soulèvements montagneux. Les continents et les mers se succèdent, dans un même lieu, un grand nombre de fois, par suite de soulèvements et d’affaissements peu considérables ; des formations de fond de mer, de rivages et de marais se produisent alternativement et successivement en un même point, mais il n’existe jamais une très grande différence de niveau entre les continents et les mers. Les terres sont basses et les océans sont probablement peu profonds. Cela résulte à la fois de la nature des fossiles et de l’uniformité de la température. Cette dernière considération mérite d’attirer un instant notre attention.

Uniformité de la température pendant les phases archaïque et paléozoïque. Pendant longtemps, la plupart des géologues ont attribué l’uniformité et l’élévation de la température pendant les périodes archaïque et paléozoïque à ce que l’eau des mers était encore chaude et à ce que la couche superficielle du globe avait, malgré sa consolidation, une température plus élevée qu’à l’heure actuelle. C’était à peu près l’opinion de Buffon. Mais l’illustre naturaliste, poussant jusqu’au bout la logique et les déductions de son système, pensait que la terré s’était refroidie plus tôt au voisinage des pôles qu’au niveau de l’équateur, et il supposait que les pôles avaient été peuplés d’animaux adaptés à un climat chaud mais tolérable, alors que l’équateur jouissait encore d’une température tellement élevée que les organismes vivants n’auraient pas pu la supporter. C’est, d’après lui, au niveau des pôles que se sont développés, pour ces motifs, les premiers animaux et végétaux terrestres et les premiers hommes.

« Tout ce qui existe aujourd’hui dans la nature dit-il[1], a pu exister de même dès que la température de la terre s’est trouvée la même. Or, les contrées septentrionales du globe ont joui pendant longtemps du même degré de chaleur dont jouissent aujourd’hui les terres méridionales ; et dans le

  1. Époques de la nature, t. II, p. 89.