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le huronien témoignent, d’autre part, de l’existence d’éruptions d’une certaine importance, mais pas plus considérables que celles qui eurent lieu pendant les phases ultérieures de l’histoire du globe. « Il est indubitable, dit à cet égard Credner[1], que l’éruption de la plupart des roches qui traversent les séries de couches archaïques n’a eu lieu qu’aux périodes dévoniennes et carbonifères ou même encore plus tard. » Ce fait, admis par tous les géologues, est d’une grande importance ; il contredit formellement l’opinion de ceux qui pensent que la croûte terrestre solide, étant autrefois beaucoup moins épaisse que de nos jours, était plus souvent et plus violemment disloquée par l’éruption de roches souterraines.

Si l’on ajoute aux 30 000 mètres de la formation laurentienne les 8 000 mètres de la formation huronienne et si l’on réfléchit à la lenteur avec laquelle se sont nécessairement effectués des dépôts aussi puissants, on aura quelque idée de la durée de la phase archaïque. Ce ne sont pas seulement des milliers, mais bien des millions et des millions d’années qu’on est obligé de lui attribuer ; on n’a donc pas lieu d’être étonné quand on trouve dans le silurien des organismes appartenant à des groupes assez élevés du règne animal. Quelque considérable que soit le temps nécessaire à la transformation et à l’évolution des êtres vivants, on peut affirmer, en présence des 38 000 mètres d’épaisseur des dépôts archaïques, que les animaux et les végétaux ont eu ce temps à leur disposition.

Période paléozoïque. Les formations sédimentaires qui se sont déposées pendant la période paléozoïque de la phase primaire de l’histoire de la terre atteignent une épaisseur beaucoup moindre que les précédentes ; elles n’ont pas plus de 15 000 mètres d’épaisseur. Les roches principales qu’on y trouve sont des schistes argileux, des grès et des calcaires ; de nombreux amas de conglomérats y marquent les limites des mers et des continents ; les fossiles y sont très nombreux et appartiennent à des groupes beaucoup plus élevés que ceux de la période archaïque ; non seulement toutes les branches principales des invertébrés y sont représentées, mais encore on y rencontre un assez grand nombre d’espèces de vertébrés. Cette période est généralement divisée par les géologues en quatre formations principales, se succédant dans l’ordre suivant : 1o formation silurienne ; 2o formation dévonienne ; 3o formation carbonifère ; 4o formation permienne ou dyasique. Je ne dirai que quelques mots de chacune.

Formation silurienne. La formation silurienne succède manifestement à la formation huronienne avec laquelle, dans certains points du globe, elle se confond au point de n’en être que difficilement séparable. Elle atteint, en quelques lieux, une puissance de plus de 6 000 mètres et se montre formée d’une façon très variable selon les points du globe où on l’envisage ; mais, en général, ce qui domine

  1. Traité de géologie et de paléontologie, p. 361.