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rentiens de l’asphalte, du bitume et de l’anthracite dont il est permis d’attribuer l’origine à la décomposition lente d’organismes végétaux. En Scandinavie notamment, on trouve, en alternance avec le gneiss laurentien, des couches de graphite qu’il est difficile de ne pas considérer comme un produit de décomposition lente de végétaux ligneux. En conséquence, tout permet de croire que la vie avait déjà acquis une certaine intensité à la surface du globe pendant la période laurentienne de la phase archaïque. Je dois ajouter que la présence d’anthracite, de graphite, de bitume, d’asphalte, dans les gneiss laurentiens doit faire supposer que certaines portions du globe étaient alors à découvert, car des végétaux aériens peuvent seuls avoir offert une structure assez ligneuse pour se perpétuer sous ces formes ; des algues se seraient putréfiées sans donner naissance à de semblables produits de carbonisation. D’ailleurs, l’existence, à cette époque, de terres découvertes est démontrée par la présence, dans certains points du globe, notamment dans le Michigan, de conglomérats formés par des galets roulés de nature gneissique ; or, nous avons dit déjà que les conglomérats sont des roches de littoral. Les couches laurentiennes sont souvent très relevées, plissées, souvent même dressées ; dans beaucoup de régions, elles sont recouvertes en stratification discordante par celles de la formation huronienne, ce qui indique qu’avant le dépôt de ces dernières le laurentien avait été l’objet de bouleversements considérables.

Formation huronienne. La formation huronienne qui, en beaucoup d’endroits, recouvre directement la formation laurentienne, n’est jamais séparée d’elle par aucune autre, ce qui permet d’affirmer qu’elle lui a immédiatement succédé ; la nature des roches qui constituent ces deux formations est d’ailleurs à peu près identique, mais les gneiss du laurentien sont remplacés, dans le huronien, par des roches moins riches en feldspath et, par suite, moins grenues et plus schisteuses. Les calcaires y sont moins cristallins, moins dolomitiques et pauvres en fossiles. C’est seulement dans les couches les plus élevées du huronien que se montrent les restes d’un certain nombre d’animaux et de végétaux. Parmi les animaux, on trouve des tubes d’annélides, ce qui indique un développement déjà très considérable de la vie animale, car les annélides occupent un étage élevé dans la série des organismes inférieurs. Les roches huroniennes portent souvent, comme celles de la formation laurentienne, les traces de bouleversements et la présence de conglomérats huroniens dans un grand nombre de points, témoignent de l’importance qu’avaient pris les continents. Enfin, le fait que la formation huronienne manque fréquemment entre le laurentien, et le silurien, qui forme la base de la phase paléozoïque, indiquent que certains continents s’étaient formés avant le dépôt des sédiments huroniens, sont restés-au-dessus des mers pendant toute la durée de cette période et ne se sont affaissés que pendant la période silurienne. La présence de filons et de couches de roches manifestement éruptives dans le laurentien et