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terrains archaïques. La vérité est que ces terrains peuvent fort bien avoir été déposés à des époques différentes dans les différents points du globe ; l’uniformité de leurs caractères indique simplement qu’il ont été produits par des procédés identiques dans tous les points et pendant une même phase de l’histoire du globe ; mais cette phase peut avoir eu une durée assez longue pour que les mers primitives aient été changées en continents et pour que les continents primitifs aient été de leur côté transformés en mer.

Formation laurentienne. Les terrains archaïques les plus inférieurs, ceux auxquels on a donné le nom de formations laurentiennes, sont constitués en majeure partie par des gneiss auxquels les géologues donnent volontiers le nom de gneiss primitifs pour indiquer qu’ils représentent les sédiments les plus anciens. Ils sont entremêlés de granits auxquels ils se rattachent en une foule de points par des caractères de transition tellement marqués qu’il est impossible de ne pas les considérer comme un produit de transformation de ces roches, mais les granits laurentiens eux-mêmes affectent des dispositions telles que les géologues sont aujourd’hui d’accord pour leur refuser l’origine éruptive qui avait été attribué autrefois à tous les granits sans exception. Les gneiss laurentiens alternent aussi, dans beaucoup de régions, avec des couches de calcaire cristallin souvent dolomitique, c’est-à-dire riche en carbonate de magnésie et parfois même remplacé par de la dolomie véritable. Tandis que les gneiss sont considérés comme des sédiments produits par la destruction des roches primitives du globe, on hésite encore sur l’origine des calcaires qui alternent avec eux. Pendant longtemps on les a considérés comme dus à des actions purement chimiques, parce qu’on n’y découvrait aucune trace d’animaux ni de végétaux. D’après ce que nous avons dit à diverses reprises au sujet des actions métamorphiques, l’absence de fossiles est sans aucun doute insuffisante pour légitimer l’opinion que je viens de rappeler ; beaucoup d’autres calcaires sont considérés par tous les géologues comme ayant une origine animale, quoiqu’on n’y trouve plus de fossiles. Il pourrait en être de même des calcaires cristallins des formations laurentiennes. On est d’autant plus autorisé à admettre cette dernière manière de voir que l’on a récemment découvert dans le calcaire laurentien du Canada, de l’Écosse et de la Bavière, des corps que beaucoup de zoologistes considèrent comme les reste d’un foraminifère auquel on a donné le nom d’Eozoon canadense. Quelques doutes cependant ont été exprimés relativement à la nature de ces corps ; tandis que les uns les considèrent comme les restes d’un animal, d’autres n’y voient que de simples concrétions minérales. Mais, je le répète, alors même que la dernière opinion serait la bonne, l’absence de fossiles dans le calcaire laurentien n’empêcherait pas de le considérer comme provenant de tests ou de squelettes d’animaux ; il suffirait d’admettre que, comme une foule d’autres calcaires cristallins, il a été l’objet d’actions métamorphiques qui ont détruit tous les fossiles. On trouve encore dans certains gneiss lau-