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falaises sont formées de squelettes calcaires de coraux plus ou moins altérés et recouverts d’un sable calcaire blanc. Le fond de la lagune centrale est ordinairement tapissé de coraux vivants ; ces derniers ne manquent que dans les points où des ruisseaux et des rivières d’eau douce débouchent dans la lagune. Le sol de la partie annulaire et habitable de l’île, est formé, comme celui des rivages et de la lagune, de calcaire blanc, souvent compact, portant plus ou moins la trace de son origine. On donne généralement à ces îles de coraux le nom d’atolls. D’autres formations de coraux se présentent sous des aspects différents. Ce sont des îles ordinairement coniques, entourées d’une ceinture de coraux formant un récif continu et immédiatement en contact avec l’île ; on a donné à ces récifs le nom de récifs en bordures. Leur bord extérieur, celui qui est exposé aux vagues du large, est toujours plus relevé sur le bord adhérent à l’île, et à ses pieds on trouve des profondeurs considérables. Une troisième sorte de formations coralliaires, désignées sous le nom de récifs en barrières ou en digues, se présente sous l’aspect d’une rangée de récifs situés à une certaine distance de l’île et séparés de cette dernière par une mer circulaire, calme, peuplée de coraux, dans laquelle on pénètre par un ou plusieurs points au niveau desquels la ceinture de récifs coralliaires est interrompue.

On considérait autrefois toutes les îles formées de coraux ou entourées de récifs de coraux comme des cônes volcaniques anciens ; les lagunes des atolls répondaient, dans cette opinion, au cratère du volcan, tandis que la ceinture des récifs coralliaires était considérée comme s’étant développée sur le bord du cratère. Cette manière de voir n’a pas résisté aux observations de Darwin, et l’on admet aujourd’hui, que la plupart des îles de coraux, notamment tous les atolls et toutes les îles entourées de récifs en bordures, sont des terres en voie d’affaissement. Les coraux ne pouvant pas vivre au-dessous de 36 à 40 mètres de profondeur, ils meurent successivement à mesure que la terre s’enfonce, tandis que de nouvelles couches se forment sans cesse à la surface des anciennes. Tant que la terre sur laquelle ils se sont d’abord posés domine au-dessus du niveau de la mer, les coraux ne forment que des récifs autour du sommet terrestre central ; mais lorsque ce dernier disparaît sous l’eau, les coraux le recouvrent entièrement et forment des atolls, à lagune centrale, parce qu’ils ont une tendance manifeste à se développer beaucoup plus dans les points battus par la mer, c’est-à-dire à la périphérie ; celle-ci s’élève donc pour former la ceinture annulaire des atolls, tandis que le centre reste plus bas et forme la lagune. Dans quelques îles, on peut constater la disparition de cette dernière, soit que les coraux vivants aient fini par la combler, soit qu’elle ait été remplie par les débris de coraux morts et par le sable calcaire que la mer rejette sur le rivage.

Indépendamment des arguments tirés de la manière de vivre des coraux et notamment de ce fait qu’ils meurent au-dessous de 36 à 40 mètres, de la