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ment la surface de la terre ; les pluies ont diminué la hauteur des montagnes, les rivières et les ruisseaux ont élevé les plaines, les fleuves ont rempli la mer à leur embouchure, la fonte des neiges et les torrents ont creusé des ravines dans les gorges et dans les vallons, les gelées ont fait fendre les rochers et les ont détachés des montagnes. Nous pourrions citer une infinité d’exemples des différents changements que toutes ces causes ont occasionnés. »

Plus loin[1], il ajoute : « Il est inutile de donner un plus grand nombre d’exemples des altérations qui arrivent sur la terre ; le feu, l’air et l’eau y produisent des changements continuels, et qui deviennent très considérables avec le temps : non seulement il y a des causes générales dont les effets sont périodiques et réglés, par lesquels la mer prend successivement la place de la terre et abandonne la sienne, mais il y a une grande quantité de causes particulières qui contribuent à ces changements et qui produisent des bouleversements, des inondations, des affaissements, et la surface de la terre, qui est ce que nous connaissons de plus solide, est sujette, comme tout le reste de la nature, à des vicissitudes perpétuelles. »

Enfin, il résume de la façon suivante toute cette partie de son œuvre[2] : « Il paraît certain, par les preuves que nous avons données (art. vii et viii), que les continents terrestres ont été autrefois couverts par les eaux de la mer ; il paraît tout aussi certain (art. xii) que le flux et le reflux et les autres mouvements des eaux détachent continuellement des côtes et du fond de la mer des matières de toute espèce, et des coquilles qui se déposent ensuite quelque part et tombent au fond de l’eau comme des sédiments, et que c’est là l’origine des couches parallèles et horizontales qu’on trouve partout. Il paraît (art. ix) que les inégalités du globe n’ont pas d’autre cause que celle du mouvement des eaux de la mer, et que les montagnes ont été produites par l’amas successif et l’entassement des sédiments dont nous parlons, qui ont formé les différents lits dont elles sont composées. Il est évident que les courants qui ont suivi d’abord la direction de ces inégalités leur ont donné ensuite à toutes la figure qu’elles conservent encore aujourd’hui (art. xiii), c’est-à-dire cette correspondance alternative des angles saillants toujours opposés aux angles rentrants. Il paraît de même (art. viii et xviii) que la plus grande partie des matières que la mer a détachées de son fond et de ses côtes étaient en poussière lorsqu’elles se sont précipitées en forme de sédiments, et que cette poussière impalpable a rempli l’intérieur des coquilles absolument et parfaitement, lorsque ces matières se sont trouvées ou de la nature même des coquilles, ou d’une autre nature analogue. Il est certain (art. xvii) que les couches horizontales qui ont été produites successivement par le sédiment des eaux, et qui étaient d’abord dans un état de mollesse,

  1. Des changements de terres en mers et de mers en terres, t. Ier, p. 246.
  2. Conclusion, t. Ier, p. 247