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de grands changements à sa surface, on trouve, même à des profondeurs considérables, des trous, des cavernes, des ruisseaux souterrains et des endroits vides qui se communiquent quelquefois par des fentes et des boyaux. Il y a deux espèces de cavernes : les premières sont celles qui sont produites par l’action des feux souterrains et des volcans ; l’action du feu soulève, ébranle et jette au loin les matières supérieures, et en même temps elle divise, fend et dérange celles qui sont à côté, et produit ainsi des cavernes, des grottes, des trous et des anfractuosités ; mais cela ne se trouve ordinairement qu’aux environs des hautes montagnes où sont les volcans ; et ces espèces de cavernes, produites par l’action du feu, sont plus rares que les cavernes de la seconde espèce, qui sont produites par les eaux. Nous avons vu que les différentes couches, qui composent le globe à sa surface, sont toutes interrompues par des fentes perpendiculaires dont nous expliquerons l’origine dans la suite. Les eaux des pluies et des vapeurs, en descendant par ces fentes perpendiculaires, se rassemblent sur la glaise et forment des sources et des ruisseaux ; elles cherchent, par leur mouvement naturel, toutes les petites cavités et les petits vides, et elles tendent toujours à couler et à s’ouvrir des routes, jusqu’à ce qu’elles trouvent une issue ; elles entraînent en même temps les sables, les terres, les graviers et les autres matières qu’elles peuvent diviser, et peu à peu elles se font des chemins ; elles forment dans l’intérieur de la terre des espèces de petites tranchées ou de canaux qui leur servent de lit ; elles sortent enfin, soit à la surface de la terre, soit dans la mer, en forme de fontaines : les matières qu’elles entraînent laissent des vides dont l’étendue peut être fort considérable, et ces vides forment des grottes et des cavernes dont l’origine est, comme l’on voit, bien différente de celle des cavernes produites par les tremblements de terre. »

Cavernes et grottes souterraines. Un grand nombre de cavernes sont manifestement formées par l’action désagrégeante ou dissolvante de l’eau, et surtout par cette dernière. On sait, par exemple, que les cavernes sont très nombreuses dans les localités riches en calcaire ou en gypse, dans lesquelles les eaux des sources tiennent en dissolution une grande quantité de sulfate ou de carbonate de chaux. Tout le monde a entendu parler des grottes d’Adelsberg, dans la Carniole, de Castleton, dans le Derbyshire, de Baumann et de Biel, dans le Harz, toutes régions très riches en calcaire et en sources contenant beaucoup de carbonate de chaux ; on cite également partout les grottes de Nuggendorf, dans la dolomie jurassique, de Mansfeld, dans le gypse, etc.

Dans certaines localités, ces grottes souterraines s’effondrent en produisant des tremblements de terre, des plissements et des bouleversements de couches. C’est à des effondrements de grottes profondes qu’on attribue généralement le tremblement de terre qui eut lieu dans la vallée du Visp, en Valais, en août 1855 ; la durée du tremblement de terre fut de