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des révolutions brusques et considérables, il est au contraire facile d’expliquer par les actions ignées actuelles tous les phénomènes qui ont pu déterminer les transformations subies antérieurement par la surface de notre globe.

Parmi les transformations de la surface du globe déterminées par les causes ignées, nous devons, avant d’abandonner ce sujet, parler de celles que les matières rejetées par les volcans déterminent dans les roches avec lesquelles elles se trouvent en contact. Ces transformations font partie de la grande classe de phénomènes cosmiques qu’on désigne par l’épithète de métamorphiques.

Actions métamorphiques produites par les éruptions volcaniques. L’étude comparée des roches a fait depuis longtemps concevoir l’idée qu’un grand nombre d’entre elles ont été transformées, au point de vue physique et même chimique, depuis le jour où elles ont été déposées. On a été, par exemple, conduit à penser que les calcaires cristallins avaient été primitivement amorphes, que les calcaires dolomitiques, c’est-à-dire très riches en carbonate de magnésie, avaient jadis contenu autant sinon plus de carbonate de chaux que de carbonate de magnésie. On a supposé encore que les gneiss cristallins actuels n’offraient pas cet état à l’époque où ils se sont déposés. Ayant admis, pour des motifs d’une valeur indiscutable, l’existence de ces transformations de roches, il a fallu en chercher la cause. La première explication qui ait été fournie est la suivante : on a supposé que toutes les roches métamorphisées l’avaient été par la chaleur centrale de la terre, aidée de la pression exercée par les roches sus-jacentes. Les parties les plus profondes de ces roches, disait-on, ont été fondues, tandis que les parties plus superficielles ont seulement été cristallisées. On a admis encore qu’une partie des roches métamorphisées l’avait été par le contact de roches éruptives les ayant traversées ; qu’un jet de trachite fondu traverse une couche calcaire amorphe et il la transformera en calcaire cristallin. On a ajouté à l’action de la chaleur centrale ou des roches en fusion celle de la vapeur d’eau ou de l’eau chauffée à une haute température. Quelques géologues, comme nous le verrons plus bas, ont attribué le métamorphisme à l’eau seule. La vérité, ainsi que nous aurons l’occasion de le rappeler, est que toutes ces actions ont dû agir, soit séparément, soit concurremment, pour produire les nombreux phénomènes de métamorphisme dont un grand nombre de roches ont été et sont encore l’objet. Notons simplement, en ce qui concerne les causes ignées, qu’elles provoquent encore de nos jours des phénomènes métamorphiques tout aussi importants que ceux du passé.

Buffon n’attachait pas une très grande importance aux causes ignées actuelles, dont il n’ignorait cependant ni l’énergie ni la fréquente intervention dans les phénomènes dont notre globe est le théâtre. C’est parce qu’il les a trop négligées qu’il n’a pas compris la façon dont se forment les montagnes. Le rôle principal des causes ignées est, en effet, de produire des iné-