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moins rapidement. Nous avons signalé ce phénomène dans plusieurs localités. Les régions montagneuses étant toujours riches en volcans, il est permis, d’après ce que nous venons de dire, de supposer que la plupart des chaînes de montagnes ont été produites par le procédé que nous venons d’indiquer. Ce qui tend encore à le démontrer, c’est que la structure de la plupart des grandes chaînes et la disposition des terrains dans leur voisinage témoignent que l’exhaussement s’est fait en plusieurs fois, des périodes de statu quo souvent très longues alternant avec des périodes d’exhaussement.

Quant aux soulèvements lents et continus dont nous avons cité quelques exemples on peut les expliquer d’autres façons. Il est permis de les attribuer à la dilatation. Certaines régions du globe se dilatent sous l’influence d’un échauffement graduel et chaque jour plus intense, échauffement déterminé lui-même par des phénomènes électriques ou chimiques. Si la masse qui s’échauffe est formée de substances diverses et inégalement dilatables, le soulèvement sera lui-même inégal, plus marqué dans les points situés au-dessus des matières les plus dilatables, moins fort dans ceux qui correspondent aux substances qui se dilatent le moins. C’est ainsi qu’on pourra expliquer pourquoi l’exhaussement est de 1m,50 par siècle au pôle nord, tandis que plus au sud, à Stockholm, il n’est que de 76 millimètres.

On peut encore expliquer les exhaussements graduels et lents d’une autre façon. Nous aurons à dire, plus bas, avec quelle facilité les eaux de la surface du sol pénètrent à travers les roches même les plus dures et s’infiltrent dans le sol à des profondeurs considérables. Lorsque ces eaux ou les vapeurs qui s’en dégagent sont riches en matières minérales dissoutes, elles en abandonnent une grande partie dans les interstices des roches qu’elles traversent ; celles-ci augmentent ainsi graduellement de volume, et soulèvent les terrains situés au-dessus d’elles.

Les abaissements brusques ou graduels dont il a été question plus haut trouvent une facile explication dans des phénomènes analogues à ceux qui produisent les soulèvements. Nous avons dit déjà que si l’abaissement se fait d’un coup, il peut être attribué à l’affaissement des voûtes des cavités volcaniques dont une partie du contenu a pu se faire jour au dehors. C’est à cette cause qu’on pourrait attribuer l’abaissement de certaines montagnes des Andes, admis par les géologues : car il n’est plus douteux pour personne qu’il existe au-dessous de cette immense chaîne un ou plusieurs foyers volcaniques d’une étendue proportionnelle à celle des montagnes. Les abaissements lents et graduels peuvent être mis sur le compte du retrait que subissent des matières d’abord surchauffées en se refroidissant. Ils peuvent être produits encore par la fusion lente de roches primitivement solides ; en se fondant, ces roches diminuent de volume et celles qui les surmontent s’affaissent.

On voit que, si tous les faits signalés plus haut plaident contre la théorie