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Si la masse ancienne du soleil a été diminuée d’un six cent cinquantième par la projection de la matière des planètes lors de leur formation, la quantité totale de la cause de son feu, c’est-à-dire de la pression totale, a été augmentée dans la proportion de la pression entière des planètes, réunie à la première pression de toutes les comètes, à l’exception de celle qui a produit l’effet de la projection, et dont la matière s’est mêlée à celle des planètes pour sortir du soleil, lequel par conséquent, après cette perte, n’en est devenu que plus brillant, plus actif et plus propre à éclairer, échauffer et féconder son univers.

» En poussant ces inductions encore plus loin, on se persuadera aisément que les satellites qui circulent autour de leur planète principale, et qui pèsent sur elle comme les planètes pèsent sur le soleil, que ces satellites, dis-je, doivent communiquer un certain degré de chaleur à la planète autour de laquelle ils circulent : la pression et le mouvement de la lune doivent donner à la terre un degré de chaleur qui serait plus grand si la vitesse du mouvement de circulation de la lune était plus grande ; Jupiter, qui a quatre satellites, et Saturne, qui en a cinq avec un grand anneau, doivent par cette seule raison être animés d’un certain degré de chaleur. Si ces planètes, très éloignées du soleil, n’étaient pas douées comme la terre d’une chaleur intérieure, elles seraient plus que gelées ; et le froid extrême que Jupiter et Saturne auraient à supporter, à cause de leur éloignement du soleil, ne pourrait être tempéré que par l’action de leurs satellites. Plus les corps circulants seront nombreux, grands et rapides, plus le corps qui leur sert d’essieu ou de pivot s’échauffera par le frottement intime qu’ils feront subir à toutes les parties de sa masse. »

Il est facile de déduire de ce que dit Buffon, relativement à la cause productrice, d’après lui, de la chaleur solaire, que cette dernière ne saurait s’affaiblir et encore moins disparaître tant que les comètes et les planètes circuleront autour de l’astre lumineux.

Il n’est guère possible de méconnaître que la pression exercée par les planètes et les comètes sur le soleil, ou, pour parler un langage plus moderne, le frottement du soleil contre l’éther qui le sépare des planètes et des comètes, soit de nature à développer une certaine quantité de chaleur ; mais on a calculé que cette quantité ne pourrait suffire à la radiation pendant plus de deux siècles. Thomson avait d’abord attribué l’entretien de la chaleur solaire à la chute incessante, dans le globe incandescent, de météorites innombrables, mais il y a ensuite renoncé, en présence de faits contradictoires, pour se rallier à l’opinion d’Helmholtz. Celui-ci attribue la chaleur du soleil à la conversion en calorique du mouvement dont étaient animées les molécules de la nébuleuse solaire primitive. Nous savons déjà que, d’après l’hypothèse de Laplace, le monde solaire constituait, au début, une immense nébuleuse, dont les molécules se sont rapprochées