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tesques creusets dans lesquels bouillonnent les laves fondues des volcans, ils émettent une hypothèse au moins aussi plausible que celle des géologues qui expliquent les volcans par l’existence, au centre de la terre, d’une masse en fusion.

Arguments invoqués en faveur d’un noyau terrestre fluide et incandescent. Nous sommes maintenant en mesure de revenir à cette hypothèse qui est, il faut bien le dire, la plus généralement admise à l’heure actuelle par les géologues. Les seules raisons qu’on invoque en sa faveur sont les suivantes : En premier lieu, les volcans existent ou ont existé dans les points les plus divers du globe, près des pôles comme près de l’équateur et sur tous les points intermédiaires. En second lieu, on les trouve dans tous les terrains et à tous les âges de la terre, aussi bien sous les montagnes que dans les plaines et sous la mer. En troisième lieu, leurs phénomènes sont partout identiques. On en conclut, en violant quelque peu les règles de la logique, que les volcans ne sont pas situés dans la portion superficielle du globe, qu’ils ont leur source dans les régions profondes et que ces sources ne peuvent être que le feu central. Un ouvrage essentiellement classique, aussi bien en France qu’en Allemagne, déjà cité plusieurs fois[1], s’exprime sur ce sujet de la façon suivante : « La répartition des volcans et des sources chaudes à la surface de la terre est tout à fait indépendante des rapports physiques et de la composition géognostique. Nous voyons des volcans sur tous les continents, dans chaque océan, à toute latitude, près du pôle et sous l’équateur, sur les plateaux les plus élevés et sur les côtes des montagnes, comme sous le niveau des mers ; enfin, ils ne sont liés à aucune formation et se montrent aussi bien aux plus anciennes périodes de la terre qu’à l’âge actuel. De cette complète indépendance des volcans par rapport à la croûte superficielle du globe, on peut conclure que la cause de leur activité doit être cherchée dans les régions profondes de la terre. De l’existence des phénomènes volcaniques par toute la terre, on peut aussi conclure à l’existence en tous points de leur cause matérielle ; et enfin, la concordance des produits éruptifs de volcans d’ailleurs éloignés les uns des autres, leur identité de structure, la similitude des phénomènes volcaniques, apportent aussi la preuve de leur communauté d’origine. On peut dire la même chose des sources chaudes. On les voit sourdre sous toutes les zones, sur les îles comme au milieu des continents. Toutes ces circonstances nous conduisent à admettre que les phénomènes volcaniques ne sont rien autre chose que les manifestations intérieures du feu central de la terre[2]. »

Il ne me paraît pas utile d’insister beaucoup sur le vice des conclusions que je viens de rapporter. Il est bien manifeste que tous les caractères des volcans sont aussi faciles à expliquer par l’hypothèse des foyers localisés

  1. Credner, Traité de géologie et de paléontologie, p. 156.
  2. Les passages que j’ai soulignés le sont aussi dans l’original.