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recèle en tant d’endroits. » Mais, ainsi que le fait remarquer Lyell[1], « les difficultés que l’on rencontre, lorsqu’on essaie d’établir une théorie chimique des volcans, sont presque insurmontables, en raison de notre incapacité à démontrer expérimentalement la manière dont se comporteraient diverses substances solides, liquides ou gazeuses, sous des conditions de température et de pression complètement différentes de celles qui existent à la surface de la terre. Une simple variation dans la quantité de chaleur peut entraîner, observe Seemann, des modifications essentielles dans les affinités chimiques des corps. Le mercure, remarque le même auteur, ne se combine pas avec l’oxygène à la température ordinaire, mais bien à celle du point d’ébullition, et se débarrasse ensuite de ce gaz à la chaleur rouge naissante. Nous avons donc ici, dans les limites de quelques centaines de degrés, trois états différents d’affinité chimique ; et qui oserait affirmer, qu’après cette dernière phase de séparation, l’action chimique cesse entre ces deux éléments d’une manière définitive et pour toutes les températures supérieures ? Or, ce qui est vrai à l’égard du mercure et de l’oxygène l’est aussi pour tous les autres éléments. »

Rôle de l’électricité et du magnétisme dans la production des volcans. Nous avons dit plus haut que la science moderne confirme les vues de Buffon relatives à l’action des phénomènes magnétiques et électriques sur la production des matières fondues que rejettent les volcans. Quelques mots de démonstration sont nécessaires. Depuis le commencement de ce siècle, les physiciens sont restés fidèles à l’idée d’Ampère que tous les phénomènes de l’aiguille magnétique sont dus à des courants électriques circulant dans les couches superficielles du globe, dans des directions parallèles à l’équateur magnétique ; mais ils ne sont pas également d’accord quand il s’agit de décider à quelle cause sont dus les courants électriques terrestres. Les uns les attribuent aux phénomènes chimiques qui se produisent dans le sol, sous l’influence de l’eau et de l’air qui y pénètrent ; les autres à la thermo-électricité déterminée dans le sol par la chaleur du soleil ; d’autres les mettent sur le compte, partiellement du moins, de la thermo-électricité développée par la chaleur des cavités volcaniques. Examinons rapidement ces opinions. Il ne paraît guère permis de douter que les innombrables réactions chimiques dont le sol est le siège ne soient de nature à produire des courants électriques d’une grande intensité, mais aucun fait ne prouve que les courants ayant cette origine aient une action sensible sur l’aiguille aimantée. L’opinion d’après laquelle les courants électriques de la terre seraient dus à des phénomènes thermo-électriques déterminés par la chaleur solaire, peut invoquer à son aide des faits très importants. Rappelons d’abord que l’on peut embrasser, sous le nom de phénomènes thermo-électriques, tous ceux qui sont déterminés dans un corps ou mieux dans deux corps en contact intime

  1. Principes de géologie, t. II, p. 301.