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rant de laves pendant qu’il est encore en mouvement, et même descendre dans le cratère du Vésuve après une éruption, et nous tenir sur les scories au moment où chaque crevasse nous laisse apercevoir la roche incandescente à 0m,60 ou 0m,90 au-dessous de nous, ce qui permet de supposer qu’un peu plus bas elle est entièrement à l’état de fusion, et qu’à une profondeur de plusieurs centaines de mètres ou de kilomètres, il règne une chaleur beaucoup plus intense encore. À cela, nous répondrons que jusqu’à ce qu’une grande quantité de chaleur ait été abandonnée, soit par l’émission de la lave, soit, sous forme latente, par un dégagement de vapeur d’eau et de gaz, la matière fondue continue à être en ébullition dans le cratère du volcan. Mais cette ébullition cesse quand il ne vient plus d’en bas une quantité suffisante pour l’entretenir, et il peut alors se former une croûte de lave sur la partie supérieure, ce qui permet à des pluies de scories d’y tomber et de s’y maintenir sans se fondre. Si la chaleur intérieure vient à être augmentée de nouveau, l’ébullition recommence et détermine bientôt la fusion de la croûte superficielle. De même, dans le cas du courant en mouvement dont nous parlions tout à l’heure, nous pouvons supposer, en toute assurance, qu’aucune partie du liquide qui se trouve au-dessous de la surface durcie n’a une température de beaucoup supérieure à celle qui suffit pour le maintenir à l’état de fluidité. »

On a encore invoqué, à l’appui de l’existence d’un noyau fluide au centre de la terre, la température élevée des eaux thermales, la densité de la terre, plus forte au centre qu’à la surface, les phénomènes volcaniques, les tremblements de terre, de prétendues marées terrestres intérieures, et des déplacements supposés de l’axe de la croûte terrestre, les abaissements et les soulèvements que subissent certaines parties de la surface de la terre.

M. Lyell pense cependant qu’aucun de ces phénomènes n’est de nature à exiger que le centre de la terre soit entièrement en fusion. Il pense qu’il suffit, pour les expliquer, d’admettre l’existence, dans certaines parties limitées de la portion superficielle du globe terrestre, de cavités remplies de roches en fusion.

D’abord, il nie les marées intérieures et le déplacement de l’axe de la croûte terrestre, qui ont été admis par quelques géologues. Il fait remarquer, relativement au premier phénomène, que, si faibles que fussent les marées intérieures, si elles existaient, et que si, comme l’admettent les partisans de la fluidité centrale, les laves des volcans étaient en communication directe avec la matière fondue du noyau central, elles devraient s’abaisser et s’élever en même temps que la mer dans les volcans, comme le Stromboli, où il existe toujours de la matière en fusion. Or, cela ne se produit pas. Relativement au prétendu déplacement de la croûte terrestre autour du noyau central, il fait, entre autres objections, celle-ci, qui est topique : « La terre étant un sphéroïde et non une sphère parfaite, il devient nécessaire