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partie supérieure. Toute sa force vive s’utilise dans cette attaque. Dans ce cas, la puissance d’érosion s’accroît encore si l’eau entraîne avec elle des sables, des graviers et des galets, dont la masse augmente la force de l’élément liquide ; fait d’expérience que le raisonnement démontre également.

D’après M. de Lapparent, « l’assaut livré par ta vague au rivage atteint sa plus grande intensité au pied même de la lame, là où vient frapper sa partie plongeante… Cette vitesse (de la lame plongeante) varie avec l’heure de la marée… Elle passe par un maximum qui se produit ordinairement entre la moitié et les trois quarts de la hauteur de la marée… C’est aux environs de la ligne de haute mer, que cet effet (le plus grand effet utile de la lame) devra se produire. » C’est bien ce que l’on observe sur les places du Médoc.

Il ne faut pas non plus oublier l’action des lames de fond, dont il a été dit quelques mots au début de ce travail. Elles ont détruit ou contrarié bien des travaux entrepris sur la côte de Soulac par les Ponts et chaussées et ce sont elles qui, aujourd’hui encore, creusent un gouffre sous l’épi de Grave.

Nous avons exposé au début que la mer attaque ses rives avec une intensité dépendant d’éléments divers et notamment de la direction et de l’intensité des vents dominants, de la nature du sol, du contour de la côte et de sa stabilité. On verra tout à l’heure la part qui revient à ce dernier facteur dans les érosions de la côte médocaine. L’énumération des autres dit seule combien ils ont dû contribuer à augmenter la puissance des lames. Les vents d’ouest et sud-ouest règnent presque constamment sur la côte de Gascogne et avec une violence souvent extrême. Le sol est formé d’argile, de sable à l’état pulvérulent ou agrégé en alios ; tous ces éléments ne sont nullement résistants. La côte, si elle ne l’a plus guère aujourd’hui, avait, du moins autrefois, un contour irrégulier, découpé, prêtant beaucoup aux attaques des courants marins. Tout cela s’est donc trouvé réuni pour faciliter énormément le travail funeste de l’océan.


Rive océanique, affaissement. — L’érosion marine n’est pas la seule cause du recul de rivage constaté en Médoc. Il est certain qu’elle n’a pas agi seule mais bien de concert avec d’autres forces dont la principale réside dans les oscillations ou ondulations de la surface terrestre. Ces ondulations se traduisent par des déplacements en latitude et longitude et des modifications dans l’altitude des points observés. Mais elles n’apparaissent guère que comme des mouvements de haut en bas et de bas en haut, aussi les désigne-t-on couramment par les termes d’affaissements et de soulèvements. Bien que ces expressions soient en toute rigueur impropres, nous les emploierons parce qu’elles ont l’avantage d’être claires.