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Causes des variations des rivages en Médoc


Rive océanique. Érosion marine. — Essayons de dégager les causes des variations de rivage du Médoc, du côté de l’océan d’abord, du côté du fleuve ensuite.

L’érosion marine, due aux courants qui frappent la côte, apparaît tout d’abord comme la cause principale du déplacement du rivage océanique. Elle est indéniable. C’est évidemment elle dont un voit le travail en maint endroit, au pied de la dune littorale, dans le sol primitif, bancs d’alios et d’argile coupés on falaise, taillés en gradins, et dont le niveau supérieur, dominant de 1 ou 2 mètres la ligne de haute mer, prouve bien qu’ils n’ont pu être ainsi taillés que par l’action des vagues. C’est elle qui arrache à des assises submergées ces blocs de tourbe qu’on trouve rejetés sur les plages. C’est contre ses efforts que le service des Ponts et chaussées a édifié ces brise-lames et ces épis qui cuirassent la pointe médocaine du Verdon à Soulac. C’est encore elle qui a détruit en janvier et en février 1895 la digue de la Chambrette et creusé la plage en cet endroit. C’est elle enfin, qui, venant en aide à un autre agent que nous allons étudier tout à l’heure, l’affaissement, a contribué à creuser un bras de mer entre Cordouan et le continent et à produire ces reculs effrayants de la Pointe de Grave et de la côte de Soulac notés plus haut.

On conçoit très bien quelle intensité peuvent atteindre les effets de cette érosion par ce qui a été dit au début du présent chapitre sur la hauteur et la pression des vagues.

Le phénomène se comprendra parfaitement aussi pour peu que l’on examine sur la côte le mode d’action de la lame. L’onde venant de la haute mer se ralentit sur la plage à cause du frottement et de l’inclinaison plus ou moins grande du sol. Celle qui la suit est garantie du frottement par cette précédente, et, conservant une vitesse supérieure, elle atteint ou rencontre la première, la surmonte en s’enflant au sommet, la dépasse et tombe en formant une petite cataracte, véritable chute hydraulique souvent d’une grande puissance ; puis elle s’étale à son tour pour être dépassée de même par l’onde suivante et en provoquer aussi la chute en cataracte. Lorsque l’onde retombe ainsi, elle affouille la plage. Si la déclivité du sol n’est pas forte, le flot chasse seulement devant lui le sable et les galets. L’affouillement, nul ou à peu près sur une pente faible, est en raison directe de cette pente. Si la côte est abrupte et présente, par exemple, un banc d’alios en falaise, une dune littorale à pic, l’onde ne pouvant déferler librement ronge le pied de l’obstacle et en fait ébouler la