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Si l’on compare les cartes des xvie et xviie siècles à celles établies de nos jours, on constate que la Pointe de Grave était alors plus large, plus arrondie et plus longue qu’aujourd’hui et l’îlot de Cordouan bien plus étendu.

En 1780, la Pointe est attaquée et 150 toises (300m) sont enlevés en quatre ans. Des mesures prises pendant ce siècle, il appert qu’en 1818 elle s’avançait à 730m au nord-ouest de sa position actuelle. De 1818 à 1830, son recul annuel moyen fut de 15m, (soit 180 mètres pour les douze années), de 1830 à 1843, il fut de 30m et de 1842 à 1846, date de la construction de l’épi de Grave, il atteignit 48m (190m pour ces quatre années).

Entre la tour de Cordouan et la côte du Médoc on compte actuellement 7000m ; une carte de 1630 en indique 5400. Vinet, en 1575, donne 5000 pas de Cordouan à la Pointe de Grave.

De 1825 à 1854, la plage de l’anse des Huttes a reculé de 350m.

Aux Olives, la ligne de la haute mer était en 1744 à 950m de la vieille église, en 1786 à 926m, en 1818 à 650m, en 1865 à 560m, en 1882 à 450m et en 1893 à 460m. D’après Mr le lieutenant de vaisseau Hautreux, de 1708 a 1890, le rivage a reculé de deux kilomètres en face des Huttes et de 1 500 mètres en face des Olives. Les habitants de Soulac n’ont pas oublié cette nuit effrayante du 28 octobre 1882, pendant laquelle l’océan démonté enleva 8m de la dune littorale des Olives sur 300 mètres de longueur et fit écrouler en partie plusieurs villas construites au sommet de cette dune. Or, en 1857, la rive de l’océan était à 80 mètres de ces villas et le pied de la dune en était éloigné de 50m ; aujourd’hui cette dune est réduite à un seul versant très déclive, large de 10m en moyenne, au pied duquel atteignent les fortes marées.

D’après les cartes hydrographiques, la passe du sud entre Cordouan et les rochers de St -Nicolas s’est approfondie de 1m" entre 1825 et 1853, C’est seulement vers le début du xvie siècle que ce chenal est fréquenté. Les navires n’y passaient pas auparavant à cause de sa profondeur insuffisante.

Du temps de Brémontier les érosions de la mer étaient de 2m par an sur la plage d’Hourtin.

En dehors du Médoc nous trouverions des modifications de rivages semblables. Ainsi le cap Ferret s’est allongé de 4000m depuis deux cents ans et s’allonge constamment encore. En huit années la mer a corrodé 360m de la rive ouest de la passe d’Arcachon, et c’est là où étaient bâtis auparavant les postes des douanes que se trouve maintenant la plus grande profondeur de la passe. À Cap-Breton, l’océan ne cesse d’avancer et bientôt le sémaphore s’abîmera dans les flots.