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Une autre cause du déplacement des rivages, non plus hypothétique celle-là, mais bien constatée, réside dans les érosions marines. Sur beaucoup de points, la mer attaque ses rives. Elle le fait avec puissance et une rapidité -dépendant d’éléments multiples, dont les principaux sont : la hauteur des marées, la force et la direction des courants, la direction et l’intensité des vents dominants, la nature du sol, le profil et le contour de la côte, enfin sa stabilité plus ou moins grande. La marée n’est guère que de 0m70 dans les océans bien ouverts ; au fond de certains golfes, où sa force est contrariée, elle atteint une grande hauteur, 14 ou 15 mètres, par exemple dans la baie du Mont St -Michel. La hauteur moyenne des vagues en pleine mer est de 4 à 6 mètres, par les gros temps ; elle arrive à 13 mètres dans l’Atlantique. On a mesuré à Alger, à Cherbourg et à Skerryvorre, la pression des vagues ; on a trouvé que cette pression s’élève en moyenne à 3000 ou 3 500 kilogrammes par mètre carré. À cette action des vagues superficielles s’ajoute l’action des lames de fond, dont la force est souvent très grande. On a constaté que des vagues pouvaient se briser parfois sur des récifs cachés à 50 mètres de profondeur et ramener des matières vaseuses de fonds situés à 150 mètres. On conçoit quelle peut être la puissance d’un tel agent dynamique et l’on ne s’étonnera pas des ravages qu’il commet. C’est lui qui a fait subir à l’île d’Helgoland, de 1793 à 1848, une ablation annuelle de 0m90. C’est lui qui fait reculer la falaise du Havre de 0m20 à 0m25 par an.

Mais la principale cause des variations des rivages est, d’après M.  de Lapparent (p. 557 et suiv.), ce que l’éminent géologue appelle les ondulations de la surface terrestre. « Ces ondulations, dit-il, partout où elles se produisent, entraînent par leur composante horizontale, un déplacement, en longitude et en latitude, des points qu’elles affectent, tandis que, par leur composante verticale, elles modifient l’altitude de la terre ferme. » Un même lieu peut être affecté, soit uniquement d’un mouvement d’émersion, soit uniquement d’un mouvement d’immersion, soit enfin des deux alternativement. Et ces mouvements, d’un caractère essentiellement oscillatoire, peuvent s’effectuer plus ou moins lentement, d’une façon continue ou par saccades. « Ces déplacements, ajoute M.  de Lapparent, s’expliquent sans difficulté, si on les considère comme la traduction des mouvements généraux d’une écorce soumise à des efforts latéraux de compression, développés par la nécessité où elle se trouve de se plier aux changements de dimension du noyau interne. De cette manière, certaines parties se gonflent en refoulant l’océan, tandis que d’autres semblent l’attirer dans des sillons qui vont se creusant de plus en plus… L’important, à nos yeux, est de rattacher les grands mouvements de l’écorce du globe… au refroidissement progressif du noyau igné. »

On doit ajouter que si, comme nous l’avons dit plus haut, beaucoup de déplacements de rivages paraissent dus à des causes diffé-