qui est à la distance d’unc lieue et demie de la nouvelle église. Il existe dans la paroisse de Soulac 132 feux ou familles. Les habitans sont, pour la plupart, sauniers ; les autres sont laboureurs, journaliers ou gardeurs… La paroisse de Soulac est dépendante de la juridiction de Lesparre, et, en partie de sa seigneurie directe. » L’autre partie est de la seigneurie des abbés de Ste-Croix de Bordeaux.
On lit d’autre part dans une supplique de Pierre Raulet, syndic de la paroisse de Soulac, en date du 7 novembre 1773 : « La paroisse de Soulac est possédée plus de 7/8 de sa contenance et le meilleur fonds (ceux proches du fleuve) par MM. les privilégiés, les uns conseillers au Parlement de Bordeaux, les autres… ; le reste de la paroisse est habitée par des journaliers non possédant fonds, plusieurs gens à gages de ces Messieurs privilégiés, et enfin par une vingtaine de pauvres propriétaires possédant quelques morceaux de terre de très mauvaise qualité et dont majeure partie est envahie par les dunes de la mer… »
Un procès-verbal d’enquête dressé du 5 mars au 11 avril 1774 par Pierre Bontemps, secrétaire de la subdélégation du Médoc, établit que la majeure partie des propriétés taillables de la paroisse est envahie par les sables ou près de l’être.
Les dunes. — Au sud de Soulac, rien de particulier n’est à signaler. Le littoral présente les mêmes accidents topographiques qu’au xviie siècle, seulement sa situation a empiré à cause des progrès constants de ses deux ennemis : le sable et la vague, D’après Baurein, la mer n’est plus qu’à une petite lieue de l’église de l’Hôpital de Grayan. C’est à cette époque que la rivière d’Anchise se perd. Nous avons vu (au début du chapitre) qu’en 1770 son estuaire est d’entrée fort difficile même pour les petits navires, qu’il assèche à marée basse et que pour cela la navigation l’abandonne. Les sables obstruent et comblent l’embouchure et le cours supérieur de la rivière devient le Deyre.
Les dunes et lèdes se forment et se constituent telles que les travaux de fixation les trouveront et les conserveront jusqu’à nos jours. Elles reçoivent pour la plupart les dénominations qui les désignent encore aujourd’hui. Elles présentent cet aspect tout spécial et désolé que le boisement leur a enlevé en les revêtant de verdure. Qu’on se représente ces montagnes de sable complètement nues et arides, d’un blanc jaunâtre éblouissant au soleil, uniformes et mornes dans leur ensemble, mais toutes différentes entre elles, tantôt hautes, tantôt basses, les unes isolées et coniques, les autres disposées en chaînes parallèles à profil irrégulier, mais toujours arrondi, coupées de cols et de dépressions, avec une pente abrupte du côté des terres ; entre les dunes, les lettes moins stériles, refuges d’une maigre végétation herbacée, mais plus souvent inondées, et à l’état de mares ou d’étangs ; et par une forte tempête, tout cela se bouleversant, s’exhaussant, s’é-