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ques boqueteaux au lieu dit Quayrchours indiqué plus tard carrefour des Tignoux sur la carte de Belleyme (1786).

La côte, au sud du quartier aux Gaulles, est coupée par l’estuaire de la rivière d’Anchise que Jeanszoon, très optimiste, signale en 1625 comme havre profond à marée et propre aux grands navires à haute mer. Cependant les sables le réduisent et gênent le cours de la rivière. Ils envahissent et détruisent le bourg d’Anchise, et bientôt la navigation oubliera ce dernier point accessible de la côte. Un peu plus loin, au lieu dit St -Nicolas, est un marais large d’environ 200m, au milieu duquel un chenal envasé écoule lentement une partie des eaux de la région que ne déverse pas l’Anchise.

Le littoral au sud de l’Anchise ne présente plus qu’une immense étendue de dunes arides en progression vers l’est. La région aujourd’hui dénommée le Junca et le Pin-sec s’appelle alors quartier des fontaines. Le sol de cette région recouvre en effet une nappe d’eau douce souterraine supportée par l’alios ou l’argile et qui aujourd’hui alimente les puits des habitations et les nombreuses sources qui suintent à la côte. Puis on trouve sur le rivage : le truc des Negas, en face du point devenu plus tard le Flamand ; le truc de la Barre un peu au sud ; enfin, aux environs de la Malicieuse, le truc ou butte de la Caraque, ou échoua, dit la carte de Blaw, 6 vaisseaux portugais, ou il y avoit des richesses Imanses et un prince qui fut tué par les habitans du payis et aussy une partie de ses gens. Ce truc de la Caraque est mentionné ailleurs dans deux procès-verbaux de bornage de la seigneurie de Castelnau, datant, l’un de la fin du XVIIe siècle, l’autre de 1783. Le premier porte : « jusqu’au lieu appelé présentement le grand vaisseau de la Caraque qui fait séparation de la côte de Lesparre et de la dite terre de Castelnau. » Mais aujourd’hui toutes ces dénominations sont oubliées, comme la mésaventure du prince portugais et de ses richesses « Imanses ».

Au bord oriental des dunes subsistent encore quelques débris des anciennes forêts du littoral : le bois de Barbarieu (nom de même origine sans doute que Belsarieu), enseveli plus tard sous les dunes de Sargenton et de Labernade dont la partie la plus saillante au levant est alors appelée le Portet, sable qui avança continuellement et qui comble les marais (carte de Blaw) ; les bois du petit et grand Mont, dénommés autrement Forest ou montaigne de Cartignac et qui forment encore une longue bande d’un seul tenant ; le Petit Grener au lieu dit actuellement les Bahines ; enfin le petit bois de Matignon : qui ne disparaîtra que vers 1810, laissant son nom au canton (Extrémité est du garde-feu de la Gemme, limites des forêts d’Hourtin et Carcans).

L’étang d’Hourtin et Carcans, appelé également étang de Cartignac ou de Ste -Hélène, présente sur sa rive occidentale des découpures bien plus nombreuses mais moins accentuées qu’aujourd’hui. Les principales sont : la pointe du Courberey notre Piqueyrot actuel, mais