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» Et doibt aussi ledict seigneur de L’Esparre au seigneur prieur de Soulac vingt-quatre lapins de rente annuelle pour raison de certains lieux qu’il tenait, de luy suivant la transaction de 1195.

» Item appartiennent encore audict seigneur plusieurs vacances de bois marets et aultres qu’il peut donner à fief nouveau. »

La transaction de 1195 à laquelle font allusion les documents précédents est intéressante en ce qu’elle établit que les moines de Soulac et le seigneur de Lesparre avaient des droits et devoirs réciproques. Elle avait pour objet les points suivants :

Les religieux remettent au seigneur de Lesparre la dîme des moulins et salines qu’il possède à Soulac. En retour le seigneur leur accorde pour toujours la moitié de cette même dîme, plus la moitié d’un revenu annuel de 200 sols et la saline qu’il a au port Larron. Il leur donne en outre le droit de s’approvisionner dans ses bois pour le chauffage de leurs fours, et s’engage à payer chaque année pour dîme 24 lapins de sa chasse. Enfin, il veut que l’église de Soulac jouisse de la moitié des revenus de la place qui est devant elle, à charge d’entretenir un cierge pendant le carême et jusqu’à l’octave de Pâques.

Comme on le voit, les possessions des deux parties étaient assez mêlées, ce qui explique leurs continuels différends.

Littoral fluvial. — Mais laissons abbé et baron se disputer et achevons notre visite rapide de la côte fluviale.

Après Soulac voici Talais ou (Thallas) surgissant entre des marais, des palus et les bords vaseux du fleuve. L’inventaire de la sirie de Lesparre en dit : « Depuis ladite canau de Talais jusqu’à la dernière canau qui est celle de Soulac, distante d’une lieue, sont les lieux sur le limon de ladite rivière appelés Crassa de Talais, Crassa de Soulac où les insectes, cubasseaux, chevrettes, couthoies se pêchent.

» Et il se voit à bord à ladite pêche à chacune marée pour une fois 50 batteaux sur lesdits lieux. Et n’est permis d’y pêcher que par permission de Monseigneur et Dame. Il faudroit toujours néanmoins tenir main forte et garde sur lesdits lieux d’hommes armés d’arquebuses et nombre de bateaux difficilement pourroit l’on empocher lesdits Saintongeois qui y viennent pêcher à si grand nombre et dont ils provisionnent presque tout Bordeaux de ladite pêche des susdites choses. »

À propos de pêche il convient d’en noter une qu’exerçaient jadis dans la mer de France, paraît-il, les pécheurs gascons, mais dont ils seraient bien empêchés aujourd’hui : celle de la baleine. En 1290, le seigneur de Lesparre réclamait une baleine échouée à la côte et qui avait encore un harpon au flanc (Recueil des actes de Rymer). Un acte de 1315 relate un fait semblable. Cleirac dans son Traité des us et coutumes de la mer (1661), insère une charte de la Comptablie de