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et de Vendays; mais il ne paraît pas qu’il y eût alors des métairies : « Les bois de Taste Corneille et forêt de Labresquet sont au midi de Vendais et égarées plus de deux lieues des maisons. Toutefois les paroisses de Cayrac, Vendais et autres les dégradent et dépeuplent. Et les bergers qui mettent le feu aux landes en font brûler la plus grande part pour couper le bois brûlé. A quoy l’on veille de les y attrapper, dont plusieurs ont été punis et payé l’amende. »


Grande forêt du Mont, étang de Cartignac. — Au nord de l’étang de Cartignac (c’est le nom qu’on donnait alors à l'étang d’Hourtin, (Hourtin n’ayant été qu’un petit hameau dépendant de Cartignac jusqu’en 1628), entre cet étang et la mer étaient les bois du Grand et du Petit Mont, formant à cette époque un massif d’un seul tenant et d’une superficie très considérable. Ces bois se composaient d’une futaie irrégulière de pins maritimes, mélangés d’une petite quantité de chênes tauzins, verts et pédoncules. Quelques bouleaux et aunes s’y trouvaient dans les parties humides, surtout près de l’étang et des marais. On en tirait du bois d’œuvre, du bois de feu et beaucoup de résine, comme d’ailleurs de presque toute la forêt de Lesparre. Cette résine se distillait dans des fours assez primitifs maçonnés en forêt même et dont on retrouve des traces fréquentes. Nous avons déjà dit que deux petites portions de ces bois du Grand et Petit Mont, échappées à l’envahissement des sables, grâce aux semis faits sur les dunes vers 1845, subsistent encore sous les mêmes dénominations au nord et au sud du lieu dit Contaut, à l’extrémité nord de l’étang.

« Près des sables est le Petit et Grand Mont, qui sont grands pinadas qu’ils appellent et qui anciennement et selon les anciens titres s’appelaient la Grand forêt du Mont.

» Laquelle est presque toute inféodée, à la charge de ne toucher aux chênes et autres arbres pour bâtir et surtout aux bêtes rousses et sauvages quelles qu’elles soient.

» Près d’icelui est le grand étang de Cartignac admirable à la vérité, lequel prend son commencement près le lieu appelé le Pelous, finissant au lieu appelé Talaris.

» Le parcours de la dite terre, (l’étang), les uns disent contenir en longueur 6 lieues, les autres 5 et une grande lieue de largeur.

» Auquel lieu les anciens disent y avoir eu une ville appelée Luserne.

» Mondit seigneur et Madame ont privativement sur tous autres droit de pêche et nul n’y peut pêcher sans leur permission. Sauf quelques tenanciers qui y ont fait quelques prises ; mais ledit droit de pêche par eux affermés.

» L’eau duquel estang bien que proche et aboutissant auxdits sables, front et grand coste de la mer et qui ne prend aucune eau