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montioïes d’arène mouvante qui marchent d’une demi-lieue devant elle et gagnent païs » (tom. I, liv. xxx).

Cette expression depuis quelque temps et le reste de la phrase semblent indiquer que l’invasion de la mer et des sables, après avoir été lente pendant un temps assez long, (soit les siècles du XIIe au XVIe,) venait tout à coup de s’accélérer. Cela justifierait notre opinion que le déplacement des côtes médocaines s’est fait avec des intensités variables suivant les époques. Cependant il ne faut pas s’exagérer la donnée chronologique du texte de Montaigne sur lequel on a ergoté plus qu’il ne le comporte. Peut-être bien les habitants, mesurant seulement alors le chemin parcouru par le phénomène, s’apercevaient-ils soudain de sa progression.

Après Lilhan, encore des ruines sur la côte : celles du port de Lavardin et du village de Magrepot, emportés par les vagues ou couverts par les sables. Du côté des terres : « la palu de Graïan qui va respondre vers Vendais et Sarxins de trois lieues de longueur ; une demy-lieue ou environ de largeur.

» Auquel lieu ledit seigneur de Sarxins prétend y avoir droit… Les Saintongeois y mènent leur bétail, comme la meilleure herbe et dont ils payent 20 solz pour chacun audit de Sarxins. » (Inventaire).

Au delà c’est Artigue-Extremeyre qui est bien près de disparaître sous la dune ; puis les marais de la Perge, que commence à former un cours d’eau (le Gaul) obstrué par les sables qui ensevelissent le bois Bertrand, et dont il est dit : « Entre Graïan et Vendais, depuis le lieu d’Artigue-Extremeyre jusqu’à Vendais il y a une palu qui contient demi-lieue de largeur et de longueur une lieue et demie jusqu’à Plume, tirant vers le Guâ. Laquelle est le plus souvent inondée d’eau coulant tant de l’estang que d’égout des landes ; laquelle se rendroit bonne par le moyen des susdites réparations et récurement d’Esteys et de canaux. » (Inventaire), Ce village de Plume est certainement celui que Baurein appelle Eslume et dont il dit : « Il y avoit dans cette paroisse (Vendays) un Village appelé Eslume dans lequel il existoit une chapelle du même nom… Mais celle-ci, ainsi que le Village ou elle étoit située, n’est plus connue. Ce lieu, selon les apparences, a été ou couvert par les sables ou submergé par la mer. »

La forêt de Lesparre commence à se démembrer d’une façon sérieuse. Sur la côte, les vagues et les sables l’entament fortement ; ailleurs, les excès des hommes : abus de dépaissance, exploitations exagérées, incendies, lui sont presque aussi funestes que les éléments. Il en est souvent ainsi.

Nous avons noté la disparition des cantons de la Règue et du bois Bertrand. Voici ce que dit l’inventaire de la sirie de Lesparre pour les bois de Teste ou Taste Corneille et Labresquet ou La Bresquette qui subsistent aujourd’hui dans les communes de Naujac