le verrons bientôt, et tout cela alors que Cordouan tenait encore au reste du Médoc.
La domination Maure cessa en 773.
Abbayes de Soulac et de Saint-Nicolas-de-Grave. — En même temps Soulac prospérait ; l’oratoire de Ste Véronique avait été remplacé par une église et un monastère, suivant Dom Devienne, qui dit (tome II, p. 23) : « Avant l’invasion des Normands, il y avait à Soulac une ville considérable et un monastère célèbre. » Peut-être a-t-il exagéré cependant, car nous allons voir qu’au xe siècle, l’acte de donation de Soulac à l’abbaye de Ste-Croix ne parle que d’un oratoire.
On trouve dans la Chronique de Turpin, archevêque de Reims, imprimée à Paris en 1517 : « De l’or et de l’argent que les roys et princes d’Espagne donnèrent au roy Charlemagne, il fit bâtir et construire plusieurs églises il fonda Saincte Marie à Soulac et y donna 2 lieues de terre en tous cens. »
Il est vrai que les Normands dont les incursions s’effectuèrent depuis la mort de Charlemagne jusqu’en 991, date à laquelle ils abandonnèrent Bordeaux, commirent d’innombrables excès et amoncelèrent les ruines dans l’Aquitaine. Le Médoc fut d’autant moins épargné qu’il se trouvait sur le littoral, à l’entrée de la Gironde, et le premier exposé aux ravages de ces bandits. Soulac fut donc dévastée, comme le donne du reste à entendre Dom Devienne. La ville florissante qu’on y voyait et l’abbaye que peut-être elle renfermait devinrent la proie des Normands qui n’y laissèrent sans doute guère que des décombres. C’est pour résister à ces terribles ravages que des forts furent construits à Castillon et sur quelques autres points.
Lorsque le pays fut enfin débarrassé des Normands, il s’occupa de relever ses ruines et de réparer ses pertes. On était au Xe siècle. C’est alors que fut fondée l’abbaye de Soulac. Guillaume le Bon, comte de Bordeaux, venait d’établir en cette ville les bénédictins de Ste-Croix. Il leur fit donation de Soulac. Voici un extrait de la charte consacrant cet acte et qui se trouve aux archives de la Bibliothèque nationale (fonds de Ste-Croix de Bordeaux) :
« Alteram (villam) quæ vocatur Solaco cum oratorio sanctae Deigenitricis Mariæ, cum aquis dulcis de mare salissâ usque ad mare dulce, cum marisco, cum montaneis, cum pinetâ, cum piscatione, cum cunctà pratà, salvicinâ capiente, cum servis et ancillis, cuncta hæc do Deo et huic altari in honorem sanctæ Crucis ædificato. »
Cette charte est fort précieuse pour nous, parce qu’elle donne une description de Soulac en ces temps éloignés. Nous voyons que cette bourgade assez importante et dotée d’une chapelle dédiée à la Vierge, était située sur un terrain inégal, montueux, avec des prés, des marais salants (salvicinâ), et une forêt de pins maritimes dont il sera