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Littoreis dives spoliis. Referuntur ab unda
Carroco, letalisque trygon, mollesque platessæ,
Urentes thynni, et male tecti spina elegati,
Nec duraturi post bina trihoria corni. » (Epist. v).

« Que fais-tu aux bords extrêmes de la terre, poète cultivateur de sables ? Le rivage que tu laboures touche aux confins de l’Océan et au soleil couchant. Une vile cabane aux toits de roseaux t’abrite et ta chaumière est imprégnée d’une fumée de poix qui fait pleurer…

» Quelle vie mènes-tu donc sur le rivage des Méduliens ? Fais-tu le commerce ? recherchant à bon compte ce qu’une hausse énorme te fera vendre à des prix fous : des mottes de suif blanc, de lourds pains de cire, et la poix de Néricie, et le papyrus en feuilles, et les torches résineuses à la fumée puante, flambeaux du paysan. Ou bien, t’occupant d’affaires plus importantes, poursuis-tu les voleurs errant par tout le pays ? Coquins qui, redoutant le dernier supplice, t’appellent peut-être, pour partager leur butin et leurs expéditions ? Toi, doux et répugnant au sang humain, tu remets les crimes pour de l’argent…

» Ou bien, avec ton frère, enveloppes-tu dans des filets et de longs réseaux emplumés les cerfs errants parmi les halliers fourrés ? Ou presses-tu de tes clameurs la course du sanglier écumant et tends-tu des embûches à la bête sauvage ?

» Ou plutôt, évitant les grands périls de la chasse, t’abandonnes-tu à la passion de la pêche ? Toute ta maison regorge enrichie des dépouilles des plages. On t’apporte, sortant de l’onde, et le turbot, et la pastenague meurtrière, et la sole délicate, et le thon échauffant, et l’élacat mal défendu par son épine et la sciène qui ne peut se conserver après deux fois trois heures. » (Épître v).

Et ailleurs :

Scirpea Domnotonis tanti est habitatio vati ?
Pauliacus tanti non mihi villa foret.

Unus a Domnotoni te littore perferet sestus
Condatem ad portum, si modo deproperes… » (Épist. vi).

« La chaumière de Domnoton est-elle donc si chère au poète ? La villa de Pauillac ne me tiendrait pas tant au cœur Une seule marée te portera de la rive de Domnoton au port de Condat, pourvu que tu te hâtes » (Épitre vi).

Et encore :

Ostrea baïanis certantia quae Medulorum
Dulcibus in stagnis reflui maris æstus opimat
Accepi, dilecte Theon, numerabile munus. (Épist. vii).

« Ces huîtres, rivales de celles de Baïes, que dans les étangs doux