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l’Europe préhistorique. Le saltus Vasconiæ est mentionné par Strabon, Pline, Varron, et bien d’autres. Les noms de Bouscat (boscus), Bois-Majou (boscus major), la Barthe (bartha bois défensable en celtique), etc., témoignent de l’existence d’anciennes forêts. De la pointe de Grave (grava, bois en bas latin) au cap des Boïens (Teste de Buch), une vaste forêt s’étendait. Pourquoi ces forêts n’étaient-elles pas détruites par les habitants? Sans doute parce que ceux-ci avaient des besoins modérés et que la récolte de la résine demandait la conservation des arbres.

Une voie romaine, la Lébade allait de Bordeaux dans le Bas-Médoc, sans doute à Noviomagus par Louen, Moulis, St -Laurent, Lesparre. Elle servit de route jusqu’à ce qu’au XVIIIe siècle M.  de Tourny en eût construit de nouvelles.

Commerce. — À l’époque romaine, la vie était concentrée sur les rives fluviale et océanique du pays, exception faite des environs immédiats de Lesparre, où devait être l’antique Metullium (soit à Brion, soit au lieu dit Rouman). Alors que le pays intérieur était occupé par la forêt dite de Lesparre et par d’autres bois et landes absolument sauvages et quasi déserts, une grande animation régnait sur les côtes et particulièrement près de la pointe où était l’emporium de Noviomagus. Là se traitaient une grande quantité d’affaires portant sur les productions de la Gaule et des pays voisins ; poissons du golfe Tarbellique, résines et miel des Landes, jambons des Cantabres, fromages du Béarn et du Bigorre, tissus et poteries du Quercy, draps de la Novempopulanie, marchandises de l’Angleterre, et sur les importations des pays étrangers : Phénicie, Grèce, Italie, Afrique. Les unes étaient embarquées pour Rome et les grandes villes de l’empire, les autres en arrivaient pour se distribuer dans les provinces lointaines. Les trirèmes et les galères les transportaient et, dans le port, s’entre-croisaient les liburnes à la blanche voile surmontée d’une longue flamme rouge.

Depuis longtemps déjà, des relations s’étaient établies entre l’Aquitaine et la Phénicie et la Grèce. M. Thoulet (Le Bassin d’Arcachon) rapporte qu’entre l’an 1200 et l’an 550 avant J.-C., les Pélasges Doriens eurent un grand mouvement d’expansion sur l’Asie-Mineure, l’Italie, la Gaule et l’Espagne, symbolisé dans la Méditerranée par les voyages d’Hercule. Suivant une légende, une flotille de Doriens Crétois se serait aventurée au delà des colonnes d’Hercule, jusque dans le golfe de Gascogne. Assaillie par une tempête elle se serait réfugiée dans le bassin d’Arcachon (d’où son nom: ἀρϰεσις, secours). Les Crétois se seraient installés là, puis répandus aux alentours ; ce qui expliquerait l’origine grecque des noms de plusieurs localités (Arès, de Άρης, Mars — Balanos, de ϐάλανος, gland, chêne — Pissos, de πίσος, pois — Gujan, de γυίη, guéret, etc.)

Le passage suivant d’Ammien Marcellin établit qu’au moment de