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base très large et à talus peu déclives. (Soulac fait exception et, quoique situé au nord de l’ancien golfe sur une côte jadis corrodée, présente une plage large et en pente douce. Ce fait est dû à un. atterrissement sableux de formation accidentelle dont nous parlerons plus loin.)

Au delà encore du golfe de Louvergne sur les limites du Médoc, était un autre bras de mer, mais plus étroit que le précédent, origine de l’étang actuel de Lacanau, ce dernier s’étant formé absolument comme celui d’Hourtin.

Côte fluviale. — Voyons maintenant du côté de la Gironde. Il a été dit qu’aux temps préhistoriques l’estuaire embrassait presque tout le Médoc. Après l’époque quaternaire, les eaux du fleuve ayant diminué avaient découvert les vases déposées et l’estuaire était devenu comme un delta marécageux formé d’îles séparées entre elles par des bras de la Gironde, sortes de grands chenaux en voie eux aussi de réduction et d’envasement. Ce delta, qui s’avançait à l’ouest beaucoup au delà de la rive actuelle et plongeait en pente douce dans la mer, fut alors habité par l’homme.

« Sous le sable de la plage, » dit un rapport rédigé en 1865 par l’Ingénieur de la Pointe de Grave, « on trouve sur beaucoup de points de la côte un plateau d’argile, identique avec celle qui forme les marais salants actuels de la Gironde, et qui a sa surface tantôt sillonnée de fossés analogues à ceux des marais salants, et tantôt couverte de troncs de saules et d’autres essences marécageuses. Enfin, nous avons vu enlever par la mer, dans l’anse des Huttes, une couche d’argile de plus de 80 centimètres d’épaisseur, sur laquelle on distinguait quelques fosses et de nombreux troncs de saules. Sur la nouvelle couche d’argile qui fut mise à nu apparaissaient deux abreuvoirs circulaires, formés chacun par un trou, ayant des parois revêtues de piquets verticaux dépouillés de leur écorce, reliés entre eux par des clayons horizontaux entrelacés avec la plus grande régularité. Non loin de ces abreuvoirs étaient des empreintes assez profondes de pieds de bœufs et d’hommes non chaussés, des moellons épars, quelques débris de briques, et de nombreuses écailles d’huîtres. De pareils vestiges démontrent bien que la plage actuelle de l’Océan est formée par les anciens marais qui bordaient la Gironde ; et du dernier fait, il ressort même que ces marais après avoir été utilisés une première fois ont été envahis par les eaux de la Gironde qui y ont déposé une nouvelle couche de vase de 80 centimètres. Il est utile d’ajouter que le vaste estuaire qui composait d’après cet aperçu l’entrée de la Gironde, était parsemé d’îles que l’examen géologique de la contrée permet de limiter. Ces îles ont été soudées par des dépôts de vase qui ont constitué les marais. Le dessablement de la plage qui a eu lieu pendant le mois de janvier 1865, a permis de constater dans le sous-sol, près de Soulac, une partie qui devait constituer une île, parce qu’elle