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cité perdue depuis par l’accumulation des eaux dans le golfe d’Hourtin devenu lagune fermée. L’inventaire de la terre de Lesparre, dressé en 1585, dit au sujet de cette partie de l’étang : « Auquel lieu les anciens disent y avoir eu une ville appelée Luserne. »

L’ancien village de Ste -Hélène dont les traces sont au sud de Lupian, était bâti en pierres de Nantes. La vieille cure d’Hourtin et le moulin qui en dépendait ont même été construits avec des matériaux tirés de là et consistant en des moellons, des pierres de tailles, voire des sarcophages faits de cette pierre de Nantes. Or cette pierre n’a pu être apportée de Bretagne que par mer, vu que la région dont il s’agit était totalement privée de chemins praticables, de transports possibles par terre, jusqu’au milieu de notre siècle. Il a donc bien fallu autrefois un port et une communication avec l’océan.

Lorsqu’on a construit le pont sur lequel la voie ferrée de Lesparre à Lacanau traverse le canal de Lupian, les fouilles ont fait découvrir dans le sol de nombreux coquillages marins, pareils à ceux qu’on, trouve aujourd’hui sur les rives de l’océan. Preuve certaine que la mer récemment encore arrivait jusque là.

Enfin, on peut observer que le sol primitif de la lande, alios ou autre, qui affleure sur toute la côte au pied de la dune littorale, au niveau de la haute mer, depuis Soulac jusqu’à la hauteur du Flamand, kilomètre 33, cesse d’apparaître au sud de ce point et s’enfonce alors de plus en plus. En face des Genêts, kilomètre 36, il est à 3m au-dessous du niveau de la mer. Ce n’est que parfois, lors des malines[1], qu’il découvre. Plus au sud on n’a jamais vu autre chose que du sable aux plus grandes profondeurs. Le milieu de l’étang n’est donc séparé de la mer que par des sables rejetés par elle et par conséquent elle y pénétrait autrefois largement.

Du reste, comme l’établissent les profils donnés par M.  Chambrelent dans son ouvrage les Landes de Gascogne, le fond, dans le milieu de l’étang, est notablement au-dessous du niveau moyen de la mer. (La surface de l’étang est élevée de 15m au-dessus de ce niveau).

Il est encore un fait qui montre quelle différence de structure existe entre ta côte de Soulac aux Genêts et la cote en face l’étang d’Hourtin. Ce £ait fournit en même temps une autre preuve de la réalité de l’ancien golfe. C’est que les plages du nord sont étroites et très déclives (90 mètres environ entre les limites de haute et basse mer), et que les plages situées en face de l’étang sont larges (130m) et d’inclinaison très douce. Cette différence s’explique : pour les plages du nord par l’érosion marine qui a rongé la côte en falaise, pour les plages d’Hourtin et Carcans par l’accumulation des sables qui ont fermé le golfe au moyen d’un barrage dont la hauteur nécessite une

  1. Malines, - Grandes marées, principalement celles des équinoxes de printemps et d’automne.