Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indique les Vestiges du cimetière de Fagion à 2 kilomètres au sud- ouest de Soulac, au bord de la mer, sur la plage même baignée par la haute mer. Qu’était-ce que Fagion ? Peut-être Noviomagus. La position de ces vestiges sur la carte de Blaw tend à prouver que la ruine et la disparition de ce Fagion sont l’œuvre des vagues de l'Océan. Or, tel a bien dû être le sort de Noviomagus. M.  Goudineau place cette ville à 8 kilomètres O. N. O. de Soulac (long. 3°40’, lat. 45°30’), au bord du plateau de Lilhan, à l’extrémité d’un chenal qui unirait la Gironde à la mer.

Par contre MM. Léo Drouyn et Jullian estiment que les ruines romaines de Brion, au fond du marais de Vertheuil, sont les restes de Noviomagus. Ne sont-elles pas plutôt les vestiges de Métullium, chef- lieu des Meduli ? ou encore ceux du port de Condat ?

Bref, malgré l'incertitude qui règne sur cette question, il nous semble que Noviomagus doit être placée au bord de l‘Océan, en un lieu distinct de Soulac. En effet, c'était un emporium, une ville commerçante, un port fréquenté. À cette époque d‘ailleurs les transactions lointaines ne pouvaient s'effectuer que par mer. Or, Noviomagus avait été bâtie en un temps où, sur les côtes d'Aquitaine, alors accessibles et calmes, se faisait un grand négoce. Rien n'avait donc mis obstacle à son établissement au bord de l'Océan, sans doute au fond d'une petite anse, position qui avait dû tenter ses fondateurs. Plus tard des circonstances économiques, telles que le voisinage de Bordeaux ou l’ensablement de son port par des courants marins, précurseurs des cataclysmes de l’an 580, ruinèrent la jeune cité et la firent tomber dans l‘oubli, à peine florissante. Et ce n’est pas à sa place qu’a pu s'élever Soulac, car cette bourgade fondée dès le premier siècle par Ste  Véronique aurait conservé quelque chose des édifices, du nom, on tout au moins du souvenir de la grande cité-mère, au lieu de débuter pauvre par quelques huttes de roseaux, comme l'indique son nom (Soulac du celtique soul, paille, chaume, et ac, en celtique article pluriel, ou lieu boisé en basque).

Au delà de Noviomagus la côte continuait vers le sud, suivant toujours un profil irrégulier. À peu de distance elle dessinait un premier golfe que représentent les profondeurs du lieu dit aujourd'hui le Gurp (de gurges, gouffre). Au fond de ce golfe, là où se trouve le rivage actuel, étaient les restes d‘une cité primitive, de l‘âge où l’homme ignorant les métaux, taillait le silex pour se faire des armes et des outils ; des traces s‘en montrent encore de nos jours aux patients chercheurs.

Plus loin, peut-être sur un cours d'eau aujourd'hui complètement perdu, s‘élevait la ville de Lavardin ou Labardon, précédée d‘un port. Les pêcheurs donnent encore ce nom au point de la côte actuelle (kilomètre 15, vers le Mât de la Pinasse), qui correspond à l‘emplacement de cette antique cité, et quelques-uns disent en avoir vu des ruines en mer a marée basse.