Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chon et même Bayonne jusqu’à la pointe de la Négade. Il est situé au milieu d’un vaste platin qui s’enfonce en pente douce sous la mer et dont le périmètre seulement présente une brusque dénivellation qui le met en saillie et l'isole des autres fonds sous-marins. Entre ce récif et le rivage actuel se cachent sous les eaux plusieurs masses rocheuses telles que les rochers du banc des Olives et du banc du Gros Terrier, ceux situés en face des Cantines et ceux de St- Nicolas qui ne découvrent qu’aux basses mers d'équinoxe. Ces masses représentent l’ossature de l’ancien continent dont les rochers du nord-ouest, au delà de Cordouan, marquent le dernier prolongement. Toutes ces roches sont, nous venons de le voir, formées des mêmes calcaires tertiaires.

Il parait même établi qu’au temps des Romains, le golfe de Gascogne n'était pas aussi creusé qu’il l'est aujourd'hui, et que la ligne de ses rivages dessinait alors une moindre courbure.

Un peu au sud de l’extrême pointe médulienne se trouvait la ville romaine de Noviomagus. Écartons d'abord l’opinion erronée de certains auteurs qui voient Royan dans Noviomagus. Cette dernière ville étant chez les Bituriges ou Berruyers Vivisques, qui occupaient le Médoc, ne peut être Royan qui se trouve dans le pays des Sanctons (la Saintonge). Ptolémée d'Alexandrie, qui vivait vers l’an 150 après J.-C. (le seul ancien qui parle de Noviomagus), faisait de la géographie mathématique et déterminait la position astronomique de chaque lieu. Il dit à propos de l'Aquitaine : « sub his Bituriges Vivisci quorum civitates Noviomagus, Burdigala, » et donne la position de ces villes, mais admettant pour la construction de sa carte la méthode de projection d'Hipparque, il commet une erreur matérielle qui place les lieux trop à l'est, et Noviomagus se confond avec l'embouchure de la Gironde qui a même longitude et même latitude. Aussi Élie Vinet, après avoir refait le calcul, déclare que Noviomagus était en Médoc près du point occupé un peu plus tard par Soulac (Mezuret, N.-D. de la fin des terres, chap. prélim.).

Delurbe et le P. Labbé confondent cette ville avec Soulac. Des monnaies romaines trouvées à Soulac et les sépultures gallo-romaines des alentours de l'église semblent leur donner raison. Elles prouvent tout au moins qu'il y eut une station romaine importante à proximité.

Danville et Baurein la placent vers l'extrémité du Médoc sans préciser. Une notice historique, appartenant aux fonds bénédictins de St - Germain-des-Prés (Bibliothèque Nationale), écrite par un moine de Ste -Croix de Bordeaux lors de l'abandon de l'abbaye de Soulac, place Noviomagus près de Soulac en un point envahi par les sables et la mer.

Jouannet et le P. Monet prétendent que les ruines de Noviomagus sont visibles en mer entre Soulac et Cordouan. À ce propos il est de remarquer que la carte du Bas-Médoc de Blaw (1650)