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1re  PARTIE. — LE LITTORAL ANCIEN.

I. HISTORIQUE SOMMAIRE DES TRANSFORMATIONS SUCCESSIVES

DU LITTORAL JUSQU’À L’ÉPOQUE DE LA FIXATION

DES DUNES.

Époque romaine.

Côte océanique. — C’est de l’occupation des Gaules par les Romains que datent les documents les plus anciens capables de nous renseigner sur les états antérieurs du littoral médocain et sur les transformations qu’il a subies avant d’être ce que nous le voyons aujourd’hui. Reportons nous donc à cette époque et suivons les modifications de la côte au cours des âges.

Il faut se représenter d’abord que la ligne des rivages maritimes de l’Aquitaine était autrefois fort sinueuse et située de plusieurs lieues à l’ouest de sa position actuelle. L’examen géologique de la région nous l’avait fait pressentir. Sur la rive gauche de la Gironde, le pays médulien se prolongeait en un plateau boisé appelé plus tard plateau de Grave (du bas latin grava, bois) et sur lequel nous verrons s’élever la Tour de Cordouan. Il formait l’extrémité de la presqu’île, vis-à-vis la pointe des Sanctons dénommée maintenant pointe de la Coubre ; et c’est là seulement que la Gironde avait son embouchure proprement dite.

Nous établirons, en effet, plus loin que Cordouan fut bâti sur un vaste plateau appartenant au continent et que l’océan, dans la suite, emporta tout ce terrain, ne laissant que le récif actuel comme un témoin de sa terrible puissance et de ses progrès effrayants. Disons, seulement qu’à la simple inspection de la carte, on doit estimer parfaitement rationnel de regarder Cordouan comme un ilot détaché jadis du continent et représentant le noyau de l’ancienne extrémité de la presqu'île médocaine. Ce rocher se trouve sur le prolongement de la courbe décrite par la côte du golfe de Gascogne depuis Arca-