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y croissent et la végétation reprend possession du terrain d’où la maladie venait de la chasser.

Le feu développe beaucoup la maladie du rond ; presque toujours elle prend naissance sur les places où des feux ont été allumés. Cependant cela n’est pas absolu, et s’il est vrai qu’en Sologne, selon M. le Cte de Tristan, « les feux d’ouvriers sont la cause la plus fréquente, sinon la seule, » qui détermine la maladie, il n’en est pas de même tout à fait dans les dunes. Dans cette région, beaucoup de séquées naissent en des endroits où il n’a pas été allumé de feu, quelquefois les incendies mêmes ne provoquent point de mortalité parmi les arbres qu’ils ont épargnés. En résumé, pour les dunes, toutes les mortalités ne naissent pas sur des places à feu, mais généralement les feux provoquent des mortalités.

La maladie du rond a été étudiée par divers savants (MM. Seurrat de la Boulaye, Prillieux, de Tristan, Duchalais, Société des agriculteurs de France). Ses causes et son processus sont aujourd’hui parfaitement connus. Elle est due uniquement à un champignon parasite de la famille des discomycètes, le Rhizina undulata, Fries. Ce saprophyte se développe dans le bois de l’arbre atteint, puis dans l’écorce. De celle-ci il émet au dehors des cordons rhizomorphiques qui se propagent dans le sol et vont contaminer les racines des arbres voisins, lesquels, envahis par le champignon, périssent à leur tour.

Le remède employé contre la maladie du rond consiste avant tout à abattre les arbres des qu’ils paraissent souffrir, puis, si le mal semble devoir s’étendre, à ouvrir un fossé continu dont on entoure la parcelle atteinte de manière à l’isoler du reste du peuplement. Ce procédé. usité depuis longtemps dans la région du pin maritime, est justifié par l’étude faite du champignon parasite, puisque le fossé a pour effet d’interrompre la communication des racines et par suite la propagation des filaments rhizomorphiques du mycélium. Pour ce motif, la profondeur du fossé est sa dimension principale ; elle doit être d’au moins 0m50, car il faut que toutes les racines traçantes des arbres soient tranchées ; la largeur importe peu. Dans les forêts de l’État, en Médoc. on donne aux fossés de mortalités 0m60 de profondeur, autant de largeur à la gueule et 0m20 au plafond ; ils coûtent 0fr.072 le mètre courant. Dans les bois communaux et particuliers, on se contente de fossereaux de 0m50 ou 0m60 de profondeur et d’une largeur uniforme de 0m25 environ, égale à celle de la bêche qui sert à les ouvrir ; conséquemment leurs parois sont verticales, et c’est un défaut. car elles sont sujettes à de fréquents éboulements qui bouchent le fossé et diminuent d’autant son efficacité. Il faut que les sables extraits du fossé soient rejetés sur le terrain circonscrit par lui, afin de ne pas risquer de contaminer le surplus du peuplement. La surface entourée par le fossé isolateur ne doit pas comprendre seulement la place sur laquelle les pins présentent les signes de la maladie, elle doit être plus vaste et embrasser, en plus de la mortalité même, la bande de