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L’erreur de cette assertion sera démontrée par ce que nous dirons du débit des bois dans les dunes.

En résumé, le gemmage, au point de vue physiologique, entrave un peu le développement de l’arbre. Au point de vue technologique, le seul important, il donne de bonne heure au bois des qualités qu’il n’acquerrait que difficilement et à un âge très avancé. Mais il limite le volume de bois d’œuvre de l’arbre aux dimensions que cet arbre avait aux débuts du résinage.

Mortalités, champignons parasites. — Le pin maritime a dans l’ordre animal quelques ennemis, ainsi que nous le verrons au chapitre suivant, mais ils ne lui font pas pour le moment grand mal. Autrement dangereux sont d’autres agents de destruction qui appartiennent au monde cryptogamique.

La principale maladie dont ils affectent le pin maritime et qu’on nomme la maladie du rond en Sologne, produit ce qu’on appelle en Gascogne les mortalités ou séquées. Les pins qui en sont atteints commencent par perdre une partie de leur feuillage qui devient plus clair et cessent aussitôt de donner de la résine, s’ils sont gemmés ; puis le feuillage restant jaunit, le bois sèche rapidement ; l’écorce, alors minée en dessous par des insectes et attaquée à l’extérieur par les oiseaux qui cherchent ces insectes, se détache par grandes plaques, en même temps que les feuilles tombent tout à fait ; souvent même celles-ci pendent encore aux ramules que le fût de l’arbre est complètement écorcé et sec. Du pin verdoyant il ne reste plus qu’un squelette décharné. Cette mort de l’arbre est rapide et souvent en été 8 jours suffisent à un pin maritime sain d’apparence pour périr et se dépouiller complètement. Les arbres voisins des premiers atteints dépérissent à leur tour, la maladie gagne et fait tache d’huile, agrandissant et arrondissant la place .de' mortalité. Tantôt le mal s’arrête de lui-même brusquement, après avoir tué quelques arbres seulement ou n’avoir même atteint qu’un ou deux pins, tantôt au contraire il s’étend sur des surfaces assez considérables. Parfois, chose curieuse, au milieu d’une mortalité un ou deux arbres résistent et restent debout pleins de vigueur à côté de leurs voisins perdus. La maladie ne se confine pas dans le sol, car toutes les mortalités se repeuplent d’elles-mêmes par les graines tombées des arbres avant leur mort et les jeunes pins qui remplacent ceux-ci croissent vigoureusement et sont indemnes. Lorsqu’une mortalité se déclare, toutes les plantes qui se trouvent sur le sol autour du premier pin ou des premiers pins attaqués, herbes, genêts, petits pins, etc., toutes ces plantes sèchent aussitôt. Le terrain semble empoisonné et tout ce qu’il porte périt. Puis bientôt la mortalité s’étend attaquant les pins environnants, avec les herbes et les arbustes voisins, et en même temps la vie revient sur le premier point attaqué, l’herbe reverdit, les mort-bois y repoussent, de jeunes pins