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Nous ne dirons ici que l’indispensable, en y ajoutant quelques observations personnelles.

Port. — Le pin maritime est un des grands arbres de France. Son aspect est monotone et plutôt triste, non pas de la tristesse obscure et glacée des pays septentrionaux, mais de cette tristesse spéciale aux régions méridionales et qu’engendre l’uniformité d’un terrain brûlé par un soleil toujours ardent sous un ciel toujours bleu. Il n’a ni la majesté du sapin, ni la puissance olympienne du chêne, ni la forte élégance du hêtre ; il n’a même pas l’originalité de la silhouette du pin parasol, ni l’agrément d’une écorce vivement colorée comme le pin sylvestre. S’il parvient à un âge avancé et se développe sans entraves, alors seulement acquiert-il un certain cachet de grandeur en même temps que d’originalité, lorsque sa base déformée et enflée sous l’action du gemmage, est sillonnée de nombreuses quarres. C’est, parmi le grand peuple des arbres, un modeste prolétaire auquel l’homme, son cruel exploiteur, fait suer sang et eau.

Son fût droit, se maintenant assez haut cylindrique, est revêtu d’un rhytidome épais, gerçuré profondément, d’un noir gris ou violacé. La ramification verticillaire est très régulière et supporte des frondaisons également réparties par toute la cime. Les feuilles sont longues (10 à 20 et même 25 centimètres), réunies à leur base deux par deux dans une très petite gaine écailleuse ; elles sont épaisses, luisantes et soyeuses, d’un vert franc, qui paraît foncé dans l’ombre, mais clair au soleil ou à côté du feuillage glauque du pin sylvestre. Elles durent 3 ans et tombent à la fin de la 3e année, exceptionnellement pendant la 4e. De là résulte, chez le pin maritime comme chez ses congénères, un groupe. ment des feuilles variable avec l’âge de l’arbre. Sur les jeunes pins, dont la croissance est rapide et fournit annuellement de longues pousses, les aiguilles plantées autour des tiges crues pendant l’année courante et les deux précédentes forment des plumets ou faisceaux longs et denses ; les entrenœuds plus âgés sont dégarnis d’aiguilles. Sur les arbres déjà âgés, à pousses annuelles très réduites, les plumets ont disparu et les aiguilles sont portées au bout des ramules en houppettes assez denses. C’est un indice certain de dépérissement et de mon prochaine, lorsqu’on voit sur un pin maritime ces houppettes diminuer de nombre et s’éclaircir. Dans le feuillage, faisant tache sombre à l’aisselle des branchettes, s’aperçoivent les cônes, verts s’ils sont jeunes, roux et bruns lorsqu’ils arrivent à maturité.

Le pin, dans sa jeunesse, a un profil conique, mais non point aigu comme le sapin ou l’épicéa ; lorsqu’il arrive à maturité, sa cime ne devient pas nettement tabulaire comme chez le roi des Vosges, mais seulement irrégulière ; des branches disparaissent, des rameaux latéraux s’allongent plus que d’autres, et l’harmonie de forme première du houppier est détruite.