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enfin, hors bois et en petit nombre, la pomme épineuse (datura stramonium) et une curieuse papavéracée à fleur jaune et à capsule en forme de silique extrêmement longue, le glaucium lateum (pavot cornu).

Les fougères sont rares à cause de l’absence d’endroits humides. La fougère à l’aigle (pteris aquilina) est abondante dans les bois de chênes et de pins du Petit Mont et du Grand Mont d’Hourtin et du Mont de Carcans ; mais, hors de là, on ne la trouve que dans un petit coin isolé de la forêt d’Hourtin, au lieu dit précisément les Fougères (zone littorale en face du 40e kilomètre), et dans quelques parties de la forêt de Soulac. On voit aussi dans les dunes le polypode commun (polypodium vulgare). La belle osmonde royale (osmunda regalis) n’existe, à notre connaissance, qu’au Petit Mont d’Hourtin, au bord des marais du Pelous.

Arbustes. — Parmi les arbustes et arbrisseaux spontanés, la première place appartient au genêt à balai (sarothamnus vulgaris). Il est répandu dans toutes les dunes, depuis leur limite orientale jusqu’aux sables de la dune littorale, tantôt maigre et languissant sous le couvert des grands arbres, tantôt vigoureux et verdoyant dans les fourrés de jeunes pins ou dans les lèdes nues. Il se propage abondamment et facilement par semis naturels, aussi envahit-il rapidement les garde-feu et les chemins, ses racines s’enfoncent très vite dans le sable et a une grande profondeur. C’est un auxiliaire important des travaux de fixation des dunes à cause de l’abondance et de la germination certaine de sa semence et de sa croissance rapide. L’ajonc d’Europe (ulex europæus), jaugue en patois, employé aussi dans ces mêmes travaux, est dans les dunes moins répandu que le genêt. Sa végétation est plus lente et la réussite de ses semis moins facile. Il se trouve sous bois et hors forêt dans les grandes lèdes rases, soit proches, soit éloignées de la mer. Ses jeunes pousses hachées forment un excellent fourrage, trop peu employé. Dans les grandes lèdes qui touchent à la lande, sur le bord oriental de la région des dunes, on en rencontre une plus petite espèce, l’ajonc nain (u. nanus), dont le rôle est d’ailleurs insignifiant.

À côté des deux grandes papilionacées précédentes et composant avec elles la flore arbustive des grandes lèdes rases et des sous-bois de forêt, croît la bruyère à balai (erica scoparia), la brande, comme on dit en Médoc. Elle est très abondante dans les lèdes non boisées et dans certaines pineraies claires. Elle vit en mélange bien plutôt avec l’ajonc qu’avec le genêt. Beaucoup moins belle comme plante, malgré sa grande taille, que ses congénères du climat méditerranéen, cette bruyère n’est guère employée que pour la confection de balais grossiers et pour le chauffage. Le genre erica est encore représenté dans la région par deux autres espèces, e. cinerea et e. tetralix (bruyères cendrée et quaternée) qui restent très petites et dont l’ha-