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du sol primitif, bancs d’alios, de tourbe et d’argile, sur une hauteur verticale masinia de 2"’50. Ces corrosions ont été produites par de grandes marées que poussait un vent violent, et qui ont atteint, grâce àcette circonstance spéciale, une puissance exceptionnelle. Les malin es les plus furies ont été celles de février et novembre 1893, janvier ei février 1895. Lors de cette dernière, un gros tronc de chêne qui se trou- vait sur la plage en face du kilomètre 38 (côte d’Hourtin) a été porté à deux kilomrtres et demi au nord et moulé jusqu’à mi-hauteur de la dune littorale. Mais, nous le répétons, ces corrosions ne sont guère que locales et accidentelles, les parties affouillées se comblent ensuite des sables qu’apportent les marées suivantes et, de fait, la limite euire la terre et les eaux n’a pas varié sensiblement depuis quelques années.

Nous avons fait exception tout à l’heure pour les rivages de Soulac et de la Poiute de Grave. C’est qu’en effet la proximité de l’embou- chure de la Gironde et de la passe de Grave, avec la complexité de courants qui en résulte, les met dans une situation spéciale. M. Goudineau a exposé de magistrale façon, daos ses savantes brochures sur la Navigabilité de la Gironde, la nature et le mode d’action de ces courants. Disons seulement que l’un d’eux va du S.-O. vers le fleuve par la passe de Grave entre le platin de Cordouan et l’extrémité du Médoc et se bifurque en arrivant dans l’embouchure de la Gironde; que la passe de Grave est divisée elle-même en deux passes d’inégale importance par un banc de sable parallèle à la cote ; que ce banc, va- riant de position selon les vents et les saisons, provoque la corrosion du rivage quand il s’en rapproche en y appuyant les courants litto- raux; qu’t enfin il se manifeste déjà au sud du banc des Olives un 1 nouveau courant littoral qui deviendra par le contact longitudinal » de la côte et par l’extension de la différence d’amplitude entre les 1 passes nord et sud de la Gironde, l’agent principal des grandes, ter-

> ribles et désastreuses corrosions océaniques du xx’ siècle, et l’ins-

> trument actif des redoutables érosions et envahissements de la rive 1 gauche, > (J. Goudineau, Dernier appel, 1896.)

Les côtes océanique et fluviale de l’extrême lîas-Médoc sont, en effet, très menacées par les flots, bien plus incomparablement que les rives du reste du pays, qui sont fixes et calmes pour le momenl. Pendant ces dernières années, dans l’anse des Huttes, le saljlc n’est pas revenu en été s’accumuler contre le brise-mer, comme cela avait lieu auparavant. Les lames décapaient sans cesse cet ouvrage. Depuis plusieurs années aussi, le fleuve ronge sa rive gauche, notamment vers By et au Verdon. Enfin, lesmalines de janvier et février 1895 ont fait de plus grands dégâts encore : le pied de la dune littorale à Soulac a été corrodé sur prés de 30" de largeur et 2000"° de longueur ; les épis des Huttes ont été tournés par les vagues et déchaussés à leur racine; du côté du fleuve, la dls^oie en clavnnnnges de la ChambreUe, haute de 3°, a été complètement emportée, la ligne des wagonnctsde Pointe