Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le dégagement de l’édifice se poursuivit d'année en année, mais assez lentement, en même temps qu’on y e£effectuait les travaux de restauration indispensables et qu’on plaçait au-dessus des voûtes une couverture en ardoises. Mais le déblaiement n’a pas atteint le sol primitif de l’église, le dallage du xie siècle. On en est encore aujourd’hui à 3m20, au niveau du sol du xiiie siècle. Sous le plancher actuel, une nappe d’eau abondante a empêché de descendre davantage. Le désensablement coûta plus de 160 000 fr. fournis uniquement par des souscriptions particulières, sauf 10 000 fr. qui furent alloués par le département.

Le 20 février 1872, l’Administration des Forêts remit à celle des Domaines l’église érigée en paroisse par décret du 7 août 1867 et près de 2 hectares de terrain environnant pour être aliénés. Après bien des difficultés, la commune vient d’en faire l’acquisition. Un arrêté ministériel du 20 juillet 1891 a classé l’église parmi les monuments historiques.

La restauration de cette vieille basilique contribua au développement de la petite ville dont les bains des Olives étaient l’embryon. L’établissement du Chemin de fer du Médoc, en 1875, y aida aussi énormément. Enfin, des notables du pays s’y employaient de leur côté, et lorsque M. Lahens consentit à vendre des emplacements pour bâtir dans sa forêt qui enveloppait les Olives, l’extension de cette petite station balnéaire devint rapide.

Tous les ans, de proche en proche, des arbres ont été abattus, de coquettes villas ont été bâties, la forêt a reculé. Là où, il y a seulement trente ans, les vents agitaient la verte frondaison des pins sombres et monotones, une jolie ville s’épanouit en gais chalets ; elle a repris le rang de chef-lieu de la commune et s’intitule Soulac-sur-mer. C’est la résurrection de l’ancien Soulac qu’a si longtemps dominé la vieille basilique rajeunie, peut-être la résurrection de l’antique Noviomagus !


Nous voici au terme de notre voyage à travers les âges sur le littoral médocain. Nous avons vu tour à tour ce pays, couvert d’abord d’épaisses forêts, s’ouvrir à la civilisation romaine, se défricher, creuser des ports fréquentés et bâtir des villes florissantes sur ses rives accessibles et riches ; puis subir les ravages des invasions barbares et ceux plus terribles encore des éléments qui commencent à l’attaquer. Les barbares, eux, disparaissent vite et le pays répare ses ruines sous l’influence bienfaisante des moines et sous la protection, rude souvent, des seigneurs. Mais sa prospérité n’est que relative, son plus terrible ennemi, l’Océan, n’a pas désarmé. Chaque année marque un progrès nouveau de sa part ; la vague et le sable avancent sans relâche ; les pauvres cultivateurs n’arrivent pas à gagner sur le fleuve ce qu’ils