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vée de la démolition et rendue au roi à cause de son clocher qui, émergeant seul au-dessus de la dune, était un signal précieux pour les navigateurs. Depuis cette époque la solitude et le silence s’étaient faits absolus autour de ce débris du passé sur ces collines mouvantes, tombeau d’une cité jadis prospère. À peine avaient-ils été interrompus momentanément par les travailleurs de Brémontier. Puis ils avaient repris, régnant non plus sur un désert de sable, mais alors sur une vaste forêt naissante.

Cependant, près de cent ans après la perte de Soulac, deux médocains, MM. Magne, médecin à Talais, et Trouche, hôtelier à Lesparre, appuyés par M. Bonnore, sous-préfet de l’arrondissement, pensèrent que cet endroit des dunes, avec sa belle plage maritime, sa forêt de pins et les nombreux souvenirs qui y étaient attachés, serait un agréable lieu de séjour ou de rendez-vous pour les médocains amateurs de bains, de chasse ou d’excursions. En 1839, M. Trouche demanda et obtint la concession de 2 hectares de terrain dans la forêt de Soulac, au lieu dit des Olives, à peu près là où fut bâti ensuite l’hôtel Fontêtes. Il y établit des baraquements en planches formant hôtel. Son entreprise réussissant, les baraques en planches furent remplacées par des bâtiments en briques, puis l’État consentit à transformer la concession en vente le 7 mai 1849. Les aliénations de 1857 à 1864, qui portèrent sur le quadrilatère actuellement limité, au nord par les dunes de l’État, à l’est par les rues de Pointe de Grave et de l’Amélie, au sud par le bois domanial du Gartiou, à l’ouest par la dune littorale de l’État ou le boulevard de la plage (16ha 58a 84ca) et qui furent faites pour faciliter la formation d’une station balnéaire, aidèrent aussi au succès, purement local d’ailleurs, de l’entreprise Trouche. Quelques particuliers se bâtirent pour la belle saison des chalets, de petits pied-à-terre autour de l’hôtel Trouche ; quelques artisans vinrent aussi s’y fixer à demeure ; ainsi naquit l’agglomération qu’on nomma d’abord les bains des Olives.

Un événement considérable vint encore ajouter un attrait aux bains des Olives et contribuer à leur développement. Ce fut l’exhumation de la vieille église, exhumation entreprise en 1859.

Il a été expliqué comment les sables, dans leur marche continuelle, après avoir entièrement recouvert l’église, en avaient laissé reparaître l’extrémité, et que le clocher, en forme de tour carrée, servait de balise pour la navigation. Aussi veilla-t-on toujours à sa conservation. Dans les premiers temps on le peignait en blanc, ainsi que la façade ouest de l’église dans sa partie supérieure, afin de les rendre plus visibles du large. En 1859 l’administration des Ponts et Chaussées installa sur le haut du clocher un signal en bois d’aspect fort original, qui augmentait la visibilité de la balise. Malheureusement pour le cachet étrange qu’il donnait à l’édifice, ce signal vient d’être enlevé en 1894.

L’administration des Forêts était plus intéressée encore que celle