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commerce et des industries du bois ; de nouvelles scieries, de nouvelles distilleries de résine se montaient. Le réseau des routes s’augmentait en même temps. En 1857, on ouvrait à Soulac le chemin des Olives ; vers 1860, celui de Vendays à Montalivet (Intérêt commun no 94) ; en 1864, on termina le chemin d’intérêt commun no 111 de Gaillan à St-Isidore et au Pin-sec ; vers la même époque les chemins de Soulac à Grayan, Vendays, Hourtin et Carcans; plus tard, en 1880, on construisit le chemin vicinal n° 2 de Cartignac à Grandmont. Beaucoup de ces routes furent établies avec subvention de l’État, et la cession gratuite du terrain fut en outre accordée pour celles qui traversent des forêts domaniales. Enfin, en 1857, on avait entrepris l’abaissement du niveau des étangs et marais, et l’assèchement des terrains voisins. Dès lors les dunes, auxquelles on n’avait pu accéder auparavant qu’en traversant les étangs en bateau ou bien en suivant à cheval de mauvais et longs sentiers à peine tracés au milieu des marécages, les dunes devenaient enfin abordables et cessaient d’être isolées du reste du pays. Et tout et tous y gagnaient : la gestion des forêts, leur surveillance et leur exploitation, qui devenaient dès lors plus faciles ; leurs habitants, gardes et surtout résiniers et résinières qui perdaient les habitudes quelque peu sauvages que favorisait leur solitude pour prendre des mœurs plus policées.

Enfin, l’établissement en 1881 avec subvention de l’État des chemins de fer économiques, ligne de Lesparre à St-Symphorien et ligne de Lacanau à Bordeaux, vint compléter le réseau des voies de communication principales de la région et ouvrir de nouveaux et avantageux débouchés à ses produits forestiers.

Travaux de défense de la Pointe de Grave. — Nous venons de suivre les phases de ce merveilleux changement par lequel des forêts fécondes et bienfaisantes ont remplacé les sables arides et dévastateurs du littoral médocain. Notre étude ne serait pas complète, si nous passions sous silence des travaux spéciaux exécutés sur deux points fort intéressants de l’extrémité de ce littoral : la Pointe de Grave et Soulac.

Nous avons précédemment exposé à quelles attaques les côtes de ’ la Pointe du Bas-Médoc étaient en butte de la part de l’océan. Les progrès incessants de ce dernier forcèrent l’attention des pouvoirs publics et en 1839 des travaux de défense furent entrepris. M. Élisée Reclus, dans sa Géographie universelle, raconte trop éloquemment cette lutte de l’homme et de l’élément neptunien pour que nous ne lui empruntions pas sa narration.

» Tandis que la mer, dit-il, rongeait l’extrémité de la presqu’île, elle cherchait en même temps à en percer la base. Là où se trouve la partie la plus étroite de l’isthme qui réunit les dunes de Grave au Médoc, les flots étaient occupés à creuser une large échancrure connue sous le nom d’anse des Huttes. De 1825 à 1854, la plage re-

culait