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laissant entre elles un léger intervalle et que l’on exhaussait au fur et à mesure que le sable amoncelé au pied tendait à les couronner» cordons simples établis en avant de la palissade pour donner du pied à la dune en formation. » (Rapport précité). Cependant les cordons simples paraissent n’avoir été importés dans le cantonnement de Lesparre que vers 1872 par M. Vaney, Garde Général. Notons aussi que, l’exhaussement des planches se disait au moyen de divers appareils : levier et chaîne, bascule à pince, etc., et à l’aide d’une chèvre inventée en 1864, par M. le Conservateur de Monteil, alors Garde Général à Lesparre.

Après divers essais comparatifs, c’est le procédé des palissades en planches espacées de 0m02 qu’on adopta généralement. Ces palissades étaient établies à des distances de la laisse des hautes mers variant entre 25 et 50m, trop près assurément. On gourbettait la dune, mais c’était là tout le travail d’entretien avec l’exhaussement des palissades ou piquets de cordons tressés. Car on exhaussait toujours ces palissades dès qu’elles étaient sur le point de se couronner, quelque fût la hauteur de la portion <le dune considérée. Si bien qu’avec cet exhaussement continuel même sur les trucs et avec les brèches que £ai3aient le vent et la mer, la ligne de faîte de la dune, très irrégulière, présentait en plan vertical une série de hauts et de bas sans cohésion et en plan horizontal une ligne fort sinueuse. Aussi cette dune littorale, à laquelle on n’attachait encore qu’une importance très secondaire, offrait-elle beaucoup de prise au vent et était-elle très dégradée ; de plus, les pentes de son talus ouest étaient devenues très raides, très irrégulières ; en un mot, elle ne remplissait que très imparfaitement le rôle qui lui était dévolu.

Il est d’ailleurs juste de dire que les divers agents qui avaient eu à s’en occuper, ne savaient pas très bien encore quel but ils devaient poursuivre. On hésitait toujours entre les deux conceptions de dune littorale dont nous avons parlé, et la prédominance des idées et des procédés du Corps des Ponts et Chaussées avait été si grande qu’on se hasardait difficilement à les répudier. Vers 1878, les agents chargés des dunes du Médoc, reconnaissant enfin les défectuosités des errements antérieurs et s’en affranchissant complètement, adoptèrent résolument le type de dune littorale à pente douce vers l’ouest, comprirent que la régularité et l’uniformité étaient des conditions essentielles pour l’efficacité de cette dune et la facilité et l’économie de son entretien, et dirigèrent dès lors les travaux dans ce sens. On recula les portions de dune trop proches de la mer, on traça une ligne de faîte régulière et à peu près rectiligne en hauteur et en plan, on écrêta les trucs dépassant soit cette ligne soit la pente normale du talus ouest qu’on prit de 19 à 25 %) on combla les excavations et on renforça la dune là où elle était déprimée. Finalement l'on obtint le parapet régulier et uniforme que la côte du Flamand, d’Hourtin et de Carcans présente aujourd’hui. Ces travaux de régularisation ont coûté assez cher (envi-