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plus voisins et non comme dune littorale pour la défense de l’ensemble, qu’on éleva ces palissades et clayonnages.

Cependant la dune littorale est nécessaire, indispensable partout où les apports sableux de la mer se continuent avec un peu d’abondance. Il est évident que si elle n’existait pas, les végétaux installés sur les terrains contigus à la plage seraient au bout de peu de temps ensevelis et complètement étouffés sous les sables rejetés par les courants marins, et cela d’autant plus rapidement que ces végétaux, directement exposés à la violence des vents de mer, périraient vite ou ne végéteraient qu’à l’étal de touffes ou de buissons incapables d’arrêter des sables. Il est évident aussi que le vent pousserait toujours de plus en plus loin ces nouveaux sables mouvants tout comme ceux précédemment fixés, et qu’ainsi l’œuvre de Brémontier serait compromise et destinée même à une perte certaine. Sur les parties des côtes où ces apports sableux sont nuls ou insignifiants, et telles sont en Médoc les côtes de Grayan, Vensac et Montalivet, la dune littorale était inutile et ne fut pas établie ou conservée. Mais, dans ce qui va suivre, nous n’avons en vue que les portions du rivage maritime, et ce sont les plus considérables, sur lesquelles les vagues rejettent sans cesse, bien qu’en quantités variables, des matériaux que les vents reprennent ensuite après dessication.

Divers systèmes plus ou moins différenciés ont été et sont encore proposés pour la constitution de la dune littorale. On peut les ranger sous deux conceptions principales que divise en définitive le but qu’on se propose. L’une, dérivant de cette idée que l’on doit arrêter absolument les nouveaux sables au pied de la défense littorale et empêcher le moindre grain de quartz de la franchir, comprend une dune très rapprochée de la mer, à pente raide et nue du côté de celle-ci et à pente douce et gourbettée du côté des terres. Selon la bizarre image employée par un ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, les partisans de cette idée, comparaient la forme des dunes boisées à celle d’un chien assis et regardant vers l’est (?) et soutenaient qu’avec cette forme les sables ayant marché en avant, il fallait donner la forme inverse à la dune littorale, c’est-à-dire retourner le chien vers l’océan. Ils espéraient qu’avec cette disposition la dune ferait muraille contre laquelle les apports sableux de la mer viendraient buter sans la pouvoir franchir. Cela paraît avoir été l’idée de Brémontier, qui écrit dans son Mémoire de l’an v (§. 48) : « Les nouveaux sables (…) formeront une nouvelle dune (…) qui protégera le terrain et les plantations qui se trouveront après elle, non seulement contre les vents, mais encore contre les efforts de la mer, qu’elle tendra à retenir dans son lit et dont cite diminuera les progrès sur nos eûtes. Cet effet paraît naturel : la dune fixée sera sapée par sa base, les sables éboulés retomberont alternativement sur la plage et seront reportés au dehors. Cette lutte continuelle, cette opposition renaissante doit produire un ralentissement d’autant plus sensible dans les irruptions