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formaient une part bien moindre. Ces travaux se trouvaient donc être plutôt de la compétence des forestiers que de celle des ingénieurs. Si ceux-ci, occupés d’ordinaire à des œuvres d’un ordre scientifique tout différent, en avaient d’abord été chargés, c’est que Brémontier, qui avait fait entreprendre la fixation des dunes, était un des leurs.

De plus, la nouvelle attribution des services supprimait bien des tiraillements et de petites difficultés qu’avaient occasionnés auparavant la dualité de catégorie des agents opérateurs et la dualité d’origine des crédits alloués. Ainsi, en 1812, le Conservateur des Forêts, M. Guyet-Laprade, à qui revenait (en l’absence du Préfet) la présidence de la Commission des Dunes lorsque les délibérations de celle-ci portaient sur les travaux de semis ou plantations (article 4 de l’arrêté du 3e jour complémentaire an ix), M. Guyet-Laprade se plaint que l’Ingénieur en chef conserve la présidence de la Commission, non seulement quand celle-ci délibère sur les ouvrages d’art, mais encore lorsqu’elle s’occupe des ensemencements. Il se plaint aussi que le service des Ponts et Chaussées tende à accaparer toute la direction des travaux au détriment de la part qui en revient au service forestier. Et il faut que le Directeur général des Eaux et Forêts et le Ministre, saisis de l’affaire, rappellent la Commission et l’Ingénieur en chef à la stricte observation des règlements en vigueur, faisant droit ainsi aux réclamations du Conservateur.

Lorsque l’Administration forestière fut exclusivement chargée de continuer cette œuvre magistrale, les gros travaux de fixation, nous l’avons dit, étaient terminés ou à peu près en Médoc. L’entreprise Barrau et Gorry pour 1389ha dans Carcans était en cours d’exécution et les agents forestiers n’eurent qu’à surveiller ses dernières opérations et recevoir tout l’atelier.

Cependant à cette époque la région des dunes du Médoc n’était pas boisée absolument partout. Les Ponts et Chaussées et aussi, dans une certaine mesure, le service forestier, avaient fixé tous les sables mobiles ayant quelque importance ou constituant une menace pour les terrains habités ou cultivés, en commençant par les plus mouvants et les plus dangereux. Ils avaient laissé de côté une partie du littoral médocain où les apports de sable venant de la mer étaient très faibles et n’avaient jamais donné naissance à des dunes considérables et envahissantes. Cette portion de la côte est celle comprise entre la pointe de la Négade (ou plus exactement les dunes de la Leudon, aujourd’hui l’Amélie) et le lieu dit de St-Nicolas, près du Junca, portion qui dépend des territoires des communes de Soulac, Grayan, Vensac et Vendays. Elle ne présentait alors, comme aujourd’hui, qu’une rangée de petites dunes, dont la hauteur ne dépassait pas 10 mètres et situées tout au bord du rivage. A l’est, sur une largeur variant de 1 kilomètre à 3 km 500, s’étendaient de vastes lèdes sablonneuses plus ou moins enherbées ou garnies de broussailles, au delà desquelles, tout contre les terres ou les marais, se dressaient de hautes