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Bret dans la forêt d’Hourtin) par une levée de sable longeant une zone de terrain dont le peuplement est notablement plus clair et plus jeune que les bois environnants. Ce qui s’explique par ce que ce peuplement plus jeune est né de semis naturels qui à la longue ont remplacé la zone de gourbet et proviennent des graines tombées des pins d’alentour.

Le mode d’ensemencement que l’on a employé pour fixer la presque totalité des dunes est le semis dit avec couverture ou sous couverture. Il consiste, on le sait, à étendre sur le sol des broussailles qui couvrent les graines et les empêchent d’être balayées par les vents. Mais il faut que ces broussailles soient elles-mêmes retenues, afin que les vents ne les dispersent pas non plus. Leur fixation a varié et s’est perfectionnée suivant le cours des temps. Au début, on maintenait ces broussailles par des gaules parallèles, qui étaient tenues elles-mêmes par des crochets en bois. C’était fort dispendieux. Au bout de quelque temps on supprima les gaules et on fixa les broussailles au moyen de crochets seulement. Puis enfin ces derniers furent abandonnés, grâce à un entrepreneur qui introduisit la méthode appliquée aujourd’hui encore, laquelle consiste à jeter sur les branchages de 30 en 30 centimètres des pelletées de sable qui les assujettissent très suffisamment. De plus, ces ramilles bien aplaties, parées en éventail au moyen de la serpe, sont imbriquées les unes sur les autres, et celles du bord du chantier sont rechaussées pour enlever toute prise au vent. Les broussailles employées étaient, comme de nos jours, des rameaux d’ajonc, de genêt, de pin, ou même de bruyère. Souvent, faute de mieux, on dut prendre des branchages de tamarix, de saules et même des roseaux ou « bauge » des marais. Aujourd’hui on jette d’abord la semence sur le sol et on place ensuite la couverture par-dessus ; autrefois on semait souvent, au contraire, les graines par-dessus la couverture, sans doute parce que ces semis s’ensablaient facilement, en raison de la quantité de dunes qui étaient encore mouvantes.

Quelquefois, lorsque la broussaille était rare ou trop éloignée, on remplaçait la couverture par des aigrettes, c’est-à-dire des rameaux piqués verticalement dans le sol à peu de distance les uns des autres. Ce procédé était moins efficace, mais bien plus économique que le précédent. Ou parfois encore, on protégeait les semis par des cordons de fascines se croisant perpendiculairement, de manière à laisser entre eux de petites cases, comme celles d’un damier, dans lesquelles étaient jetées les graines.

Enfin, dans les lèdes enherbées et partout où les mouvements de sable n’étaient pas à craindre, on pratiquait le semis à la pelle, procédé très simple qui consiste à faire un trou ou plutôt une fente dans le sol à l’aide d’une pelle ou d’une pioche, à y jeter quelques graines, et à le refermer en tassant avec le pied. Les trous sont disposés par lignes parallèles ou en quinconces, suivant l’espacement jugé convenable.