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nous avions provisoirement fait couper et approvisionner sur la côte ; et, à quatre heures précises de l’après-midi, le Conseiller d’État, Préfet de la Gironde, le Commissaire principal de la Marine, les membres de la commission et le citoyen Brémontier, nommé président de ladite Commission par les consuls de la République, et auteur du projet, les citoyen Peyjehan, inspecteur, et Barrennes tracèrent chacun leur sillon, semèrent les premières graines, établirent les premières couvertures et commencèrent enfin cette grande et utile opération d’où doit dépendre la conservation de tant de possessions précieuses, le salut d’un très grand nombre de navigateurs, la fertilisation de plus de douze cent mille quarrés de terrein, qui sans exagération ni dans les dépenses ni dans les produits, doivent apporter un revenu à peu près égal à cette dépense qui ne peut former un objet de plus de 4 ou 5 millions. Après avoir donné les ordres nécessaires pour la continuation de ce premier atelier, nous nous sommes rembarques avec cette douce satisfaction et une conviction intime, que deux décades, au plus, suffiront pour faire germer et naître la plus grande partie de nos graines, et successivement de même toutes celles qui seront semées dans ces sables dévastateurs et soi-disant arides et que les meilleurs et les plus savants agriculteurs avaient si mal à propos condamnés à une éternelle stérilité.

» Le Conseiller d’État Préfet Dubois. »

Le fort dont il est ici question s’appelait fort Grave et se trouvait sur le bord de la mer un peu au nord du lieu dit aujourd’hui la Claire. C’est donc au sud de ce lieu-dit, entre les marais des Logis et la dune Girofle, que furent semées, par les mains mêmes de Brémontier, du Préfet Dubois et des membres de la Commission, les premières graines dont sont issus les quelques pins quasi séculaires qui s’élèvent aujourd’hui en cet endroit.

Mais ce n’était là qu’un premier début. Les travaux furent bientôt organisés et répartis sur une plus vaste échelle par l’arrêté préfectoral du 23 nivôse an x (13 janvier 1802), dont les considérants ne sont pas la partie la moins intéressante.

En voici un extrait :

« Le Conseiller d’État, Préfet du département de la Gironde,

» Vu : 1° le mémoire du citoyen Brémontier…

» 2° l’arrêté des consuls du 13 messidor an ix

» 3° Notre arrêté du 17 Thermidor, qui nomme les citoyens Brémontier, ingénieur en chef, Guyet-Laprade, Conservateur de la 11e division des Forêts, Bergeron, Labadie de Haux et Catros, membres de la Société des sciences, arts et belles-lettres de Bordeaux, section de l’Agriculture, pour composer ladite Commission.

» …