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n’est qu’à partir de 1833 que l’on commença à remplir, pour l’occupation des terrains à fixer, certaines des formalités qu’il indique. Celle occupation des terrains par les agents de l’État fut dès lors autorisée par des décrets, qui réservaient les droits en revendication des tiers et visaient l’article 5 du décret de 1810. En général, du reste, on fixait d’abord les dunes, laissant les lèdes à la libre disposition des communes et de leurs troupeaux. Plus tard seulement, les communes ayant refusé de rembourser ses dépenses à l’État ou n’ayant pu le faire, l’État acheva le boisement des lèdes et garda le tout. Tel est le cas des dunes d’Hourtin et de Carcans.

Bref, « lorsque l’État a ensemencé les dunes, en vertu de l’arrêté des consuls du 13 messidor an ix, il a fait acte de propriétaire. Les droits des propriétaires des terrains abandonnés par suite de l’envahissement des sables n’en étaient pas moins réservés implicitement, mais à la condition qu’il en fût justifié dans le délai de trente ans à compter du jour où l’État, possesseur de bonne foi, avait mis en culture les terres trouvées sans maître.

» Cette réserve existait d’ailleurs… en vertu d’un principe de droit qu’il n’appartenait pas à l’État de faire fléchir. » (Mémoire de l’administration des Domaines relatif à la revendication de la forêt domaniale de Soulac par les communes de Soulac et du Verdon).

Suite des travaux en Médoc. — Revenons maintenant au Médoc que nous avons laissé, à la fin du xviiie siècle, en proie aux sables dévastateurs, et suivons-y les travaux de fixation.

Le territoire de Soulac était un des points du littoral gascon les plus menacés après la Teste ; aussi, dés 1801, très peu après la promulgation du premier arrêté des consuls, la Commission des Dunes, le Préfet de la Gironde et Brémontier s’y rendirent pour inaugurer les travaux. Cette visite est relatée dans un procès-verbal du 3 vendémiaire an x (22 sept. 1801).

« Notre premier soin, y est-il dit, a été de parcourir la c6te et d’y faire choix du lieu le plus convenable pour l’établissement de nos premiers ouvrages. Nous y avons vu, avec peine, que le fort était menacé par la mer ; qu’une assez grande partie de la pointe de Grave allait être incessament envahie sans espoir de pouvoir l’empêcher ; que la côte n’était qu’un désert affreux et dénué de toute espèce de production, et que les progrès rapides des dunes dans les terres étaient effrayants. L’Église de Soulac en est une preuve incontestable. Le clocher, qui, il n’y a pas 30 ans, était enseveli sous une épaisseur de plus de 20 mètres de sables, en est aujourd’hui entièrement débarrassé et sert de balise. La montagne a passé.

» Unanimement convaincus que le point le plus avantageux pour l’établissement de notre premier atelier se trouvait au midi du fort, nous y avons fait transporter les lattes, piquets et branchages, que