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sion : « À la vérité, dit-il, nous ne donnions pas à feu M. Brémontier ni au corps des Ponts et Chaussées le mérite de l’invention relative à l’opération de l’ensemencement et de la fixation des dunes de sable sur le golfe de Gascogne, par la raison que nous avions sous les yeux la preuve qu’elle ne lui appartenait pas, mais nous ne lui enlevions pas la gloire et le mérite d’en avoir provoqué l’application. » Il ajoute qu’il a depuis 9 ou 10 ans connaissance du Mémoire du baron de Villers, qui « n’est qu’une révision d’un mémoire présenté au gouvernement sous Louis XIV, vérifié par M. de Vauban. Il est vrai, remarque-t-il aussi, que toutes les améliorations qui ont eu lieu et que les changements qu’a essuyés le système depuis la reprise des travaux, sont plutôt dus aux observations éclairées par l’expérience de l’inspecteur qu’à tout autre membre de la Commission et plus qu’à MM. les Ingénieurs en chef qui ont succédé à M. Brémontier qui, y compris M. l’Ingénieur en chef actuel, n’y ont paru que trois fois. »


Fixation des dunes


Organisation législative. — Brémontier parvint donc à persuader le gouvernement de la possibilité et de la nécessité de fixer les dunes. Les essais de 1791 à 1793 étaient en effet convaincants. L’Institut national, appelé à juger les moyens proposés, donna son entière adhésion au projet (classe des sciences et arts, 16 floréal an viii, 6 mai 1800). Aussi le gouvernement se décida-t-il à intervenir. Dans un rapport aux consuls du 9 frimaire an ix (30 nov. 1800), Chaptal, ministre de l’Intérieur, exposait en ces termes la situation et proposait les mesures nécessaires :

« Les dunes, en roulant sur elles-mêmes, avancent dans les terres et envahissent tout ce qu’elles rencontrent à leur passage, les forêts, les maisons et les campagnes cultivées. Elles menacent les campagnes en refoulant les eaux des ruisseaux qu’elles obstruent, et forment prés de quarante lieues de lacs et de marais pestilentiels, qui jettent la dévastation et la mort parmi les habitants.

» Le projet de l’ingénieur en chef (Brémontier) est basé sur ce que les dunes sont susceptibles de devenir fertiles et d’être arrêtées dans leur marche par des plantations de pins maritimes et de genêts, protégés par quelques précautions indiquées par l’auteur.

» L’expérience a justifié l’utilité de ce procédé.

» Des semis furent faits en 1788, 1792 et 1793, sur 4 890 mètres de