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Il obtint du gouvernement, et la tâche n’était pas alors des plus faciles, quelques crédits pour faire des essais et commença ceux-ci en 1787 à la Teste. Un propriétaire de cette localité, Pierre Peychan, avait déjà étudié la question des semis sur les sables et obtenu de bons résultats en couvrant les graines de branchages pour neutraliser l’action du vent. On ignore si ce procédé, procédé classique de la fixation des dunes encore employé de nos jours, était de l’invention de Peychan lui-même, ou lui avait été inspiré par les mémoires de de Villers qui le cite, ou par les travaux du général Claussen en Zélande, on autrement. Bref, Brémontier voulut s’assurer le concours de cet homme expérimenté. Peychan consentit à s’adjoindre à l’ingénieur en qualité d’inspecteur des travaux des dunes sous ses ordres.

Ils commencèrent des semis de pin et de genêt à la dune du Pilat en 1787 et les continuèrent en 1788 dans la plaine du Moulleau. Mais, contre l’avis formel de Peychan, Brémontier ne voulut pas user des couvertures de branchages ! Le vent balaya les graines ; l’insuccès fut complet et les travaux arrêtés. De 1791 à 1793, Peychan seul, autorisé par l’administration départementale de la Gironde, fit une nouvelle tentative. Il ensemença, mais sous couverture, l’emplacement de la ville d’hiver actuelle d’Arcachon et obtint une réussite parfaite. On ne devait pas cependant reprendre les travaux avant l’an x (1802), date à laquelle commença seulement, pour ne plus s’arrêter qu’après achèvement, et, hâtons-nous de le dire, sous l’impulsion de Brémontier, la colossale entreprise de fixation des 113 900 hectares des dunes de Gascogne,

C’est pendant cette période d’inaction que furent publiés plusieurs mémoires ou brochures, qui, se basant sur les essais faits de 1787 à 1793 montraient la possibilité du boisement des dunes, la nécessité de ce travail et les avantages qui en résulteraient pour la région et pour l’État lui-même.

La principale de ces publications est à tous égards la première en date de celles produites par Brémontier : le célèbre Mémoire sur les dunes et particulièrement sur celles qui se trouvent entre Bayonne et la Pointe de Grave, à l’embouchure de la Garonne. Paris, thermidor an v (juillet 1797).

Dans les trois premiers chapitres, l’auteur expose la nature des dunes et leur formation. Au chapitre iv, il donne les Moyens qui peuvent être employés pour la fixation des dunes. Ces moyens consistent à établir parallèlement à la côte et à 20 ou 25 toises (40 ou 50m) de la laisse de haute mer, soit un ou deux cordons de fascines de 4 ou 5 pieds de haut, soit un fossé de 12 pieds de largeur sur 6 de profondeur, — ensemencer en pin, genêt et ajonc la zone de 100 toises de largeur qui s’étend quasi horizontale entre la mer et les premières dunes, — continuer les semis à l’est une fois que ces premiers ont 5 ou 6 ans en procédant par zones successives et contiguës larges de 25 à 30 toises ; — pour protéger les graines une couverture de branchages serait excellente, mais trop coûteuse, la remplacer par des cordons de